Lettre - Le plaisir d’écrire et de lire

Le 23 avril a été déclaré Journée mondiale du livre et du droit d’auteur par l’UNESCO en octobre 1995. Cette journée est passée un peu sous silence, mais le livre demeure, et le plaisir d’écrire et de lire.

 

Écrire et lire : deux moments de silence partagés. Quand on reconnaît la même voix, il y a rencontre. Temps pour écrire, temps pour lire ; temps pour se taire, temps pour parler. Même partage.

 

J’écris et je lis beaucoup. Il me faut une étincelle pour écrire un livre, pour que le feu prenne, pour que je sente le livre en moi. Il me faut le temps qui coule comme une rivière pour lire un livre. Écrire, c’est brûler ; lire, c’est se baigner. Écrire en remontant à la source, lire en se laissant porter par le courant. Je vis ces deux aventures : auteur et lecteur.

 

La lecture me transporte dans l’autre pays, celui de mes désirs et de mes rêves. Elle me fait voir des paysages de parole et de silence qui évoquent la vie inexprimable, celle que je ne connais pas : terre vierge de l’enfance, quête de joie, infini d’une ardente présence. Et si tout n’était que lecture, du début à la fin ?

 

Dans un très bel essai, Suzanne Jacob écrit : « Au début, lorsque nous arrivons, nous sommes accueillis par des visages qui nous entourent de leur désir de nous lire. C’est comme ça que ça commence, notre arrivée au monde : par une histoire de lecture » (La bulle d’encre).

 

Nous achetons des livres, nous en recevons, et nous les lisons plus tard, car les livres, ces amis en papier, nous attendent aussi. Cette amitié commence dès la naissance, alors que parents et amis déchiffrent notre corps habillé de mots, jusqu’au jour où le livre nous tombe des mains.


Jacques Gauthier - Gatineau, le 23 avril 2014

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