Lettre - Aux défaitistes
À chaque défaite du Parti québécois, on nous sert la même rengaine : l’indépendance se meurt, il faut changer le programme du parti, la question nationale n’intéresse qu’une seule génération, et bien d’autres jérémiades du même style. En fait, l’indépendance est une idée qui transcende les générations, et aucun peuple n’y a renoncé après l’avoir acquise. C’est ça, la force du mouvement indépendantiste. D’ailleurs, le PQ devrait en prendre bonne note, car il mange une volée chaque fois qu’il s’éloigne de sa raison d’être.
Au lieu de pleurnicher, préparons-nous pour la prochaine élection. Se préparer, ça ne veut pas dire se présenter comme une option de gouvernance provinciale, cracher honteusement sur une idée noble en répétant à qui mieux mieux qu’il n’y aura pas de référendum, ni proposer d’écrire un livre blanc ou vert fluo une fois au pouvoir. Ces stratégies n’ont pas d’avenir, c’est maintenant démontré. Il faut se préparer à l’action dès maintenant, bâtir de solides alliances entre les formations souverainistes, avoir du cran et une attitude décomplexée, et unir les Québécois autour d’un programme de pays réaliste et emballant.
En fait, nous avons la partie facile, car tous les arguments penchent en faveur de l’indépendance. Pensons à notre langue, à notre culture, à notre développement économique, au financement de nos services publics, à la gestion de nos ressources naturelles, à notre rôle sur la scène internationale. Ces enjeux que certains aiment appeler « les vraies affaires » sont nombreux : il y en a pour tous les goûts. Or tous, sans exception, seront mieux servis dans un Québec qui vote l’ensemble de ses lois, perçoit tous ses impôts et signe lui-même les traités internationaux qui le lient aux autres peuples de la Terre.
L’indépendance du Québec est à portée de main : il suffirait que deux personnes indépendantistes en convainquent une troisième qui hésite encore. Quand on y pense, le gros du chemin est déjà parcouru. Si vous êtes malgré tout pessimiste, passez le flambeau. Mais de grâce, gardez vos états d’âme pour vous. Cela dit, le mieux est que vous vous rendiez utile : quatre ans, c’est largement suffisant pour convaincre votre voisin que le Québec a tout à gagner de décider lui-même de son avenir.
Antoine La Grenade - Professeur d’économie et de mathématiques au collège Champlain St-Lawrence, Québec, le 9 avril 2014