Lettre - Le fondamentalisme et la charte
L’ex-juge de la Cour suprême Claire L’Heureux-Dubé dans une entrevue au Devoir, a osé les mots tranchants « diktats de la religion ». Le théologien Paul Tillich les aurait reliés au fondamentalisme. « L’échec du fondamentalisme à prendre contact avec la situation présente vient non pas de ce qu’il se situe au-dessus de toute situation, mais de ce qu’il parle à partir d’une situation du passé. Il élève quelque chose de fini et de passager à une validité infinie et éternelle » (Théologie systématique, Éd. Planète, 1970, Tome I, p. 20).
Ainsi la Cour suprême a reconnu à un étudiant le droit de porter le kirpan, l’un des cinq signes extérieurs du sikhisme, à condition qu’il soit caché, annulant du coup l’intention première du signe, soit de montrer. D’une certaine manière, pour reprendre les mots de Tillich, la Cour a laissé élever « quelque chose de fini et de passager », une dague du Pendjab au temps du guru Gobind Singh (1666-1708), « à une validité infinie et éternelle », soit le droit de la porter en tout temps dans une école québécoise sous l’enseigne du tout englobant droit de religion.
Si la charte de la laïcité dit non aux signes religieux, par la bande, elle dit également non à tout fondamentalisme, ce côté sombre de toute religion.