Lettre - La passion d’une «patrie»?

Le projet de loi no 60 est communément appelé charte des valeurs québécoises. Ce texte est ainsi désigné parce que ses promoteurs supposent un fondement national de valeurs, commun à tous les Québécois, ce qui ramène à la question nationale.

 

Une telle charte peut-elle être le résultat d’un consensus « national » ? Constituons-nous une société distincte ? Existe-t-il une nation québécoise ? Je repose une question en des mots un peu dépassés (!) : avons-nous une patrie ?

 

Sur le site Internet du ministre Bernard Drainville, on affirme que nous formons « une société ouverte qui partage des valeurs fondamentales ». C’est un peu court, mais admettons que les citoyens du Québec appuient les valeurs énumérées dans le projet. Sera-ce suffisant pour qu’une large majorité de Québécois se rangent derrière la proposition gouvernementale ? Cela pourrait finir par se produire, car, en dépit de nos divisions de langue, de croyance et de bien d’autres aspects, nous voulons habiter le Québec, y vivre ensemble. Alors, peut-être formons-nous effectivement une nation, un peuple, partageons-nous une patrie.

 

Je m’appuie sur l’énoncé du grand socio-historien Fustel de Coulanges qui écrivait : « Les hommes sentent dans leur coeur qu’ils sont un même peuple lorsqu’ils ont une communauté d’idées, d’intérêts, d’affections, de souvenirs et d’espérances. […] La patrie, c’est ce qu’on aime. » Les citoyens du Québec aiment le Québec ; ils l’habitent, le rechoisissent chaque jour, travaillent à l’améliorer, le défendent contre ceux qui le critiquent. C’est leur pays, leur patrie. Ils aiment leur Québec. Ils sont prêts à le défendre contre des cultures étrangères et c’est pourquoi ils discutent si passionnément de la charte ; ils cherchent le consensus sur les valeurs qui sont les leurs.

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