Lettre - Le destin de l’ACDI
Selon le ministre Christian Paradis, la fusion de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international correspond bien à trois axes fondamentaux : l’aide au développement axée sur l’économie, bénéfique autant aux pays bénéficiaires qu’aux entreprises d’ici, faire de la réduction de la pauvreté mondiale une affaire du Canada inc. ; aider les pays à développer un environnement propice à l’investissement.
Parallèlement à ces intentions, il y a le cas concret d’une entreprise canadienne, la Pacific Rubiales, qui exploite un gisement pétrolier à Puerto Gaitan, Meta, en Colombie. Cette entreprise compte plus de 10 000 employés soumis à des conditions de travail humiliantes en marge de la législation du travail dans ce pays. Devant l’indignation des syndiqués pour leurs conditions de travail, l’entreprise a répondu à leurs demandes par des licenciements massifs et des agressions contre les travailleurs organisés dans l’Union syndicale ouvrière de l’industrie du pétrole de Colombie (USO). L’État colombien, avec sa politique de « Sécurité aux investissements », se met au service de l’entreprise à travers la militarisation de la zone en conflit.
Le 4 décembre passé, trois membres du syndicat de l’USO ont été détenus pour leurs actes de protestation face aux conditions de travail et au manque de liberté d’expression syndicale. La réduction de la pauvreté n’a jamais été réussie avec l’appui d’entreprises multinationales et vouloir créer un climat favorable à l’investissement en terre étrangère avec l’argent des contribuables canadiens est en fait un acte déshonorant pour les travailleurs et les communautés rurales des pays où des investissements sont effectués autant que pour la population canadienne qui y contribue.
Clara Rodríguez - Québec, le 9 décembre 2013