Lettre - Les droits de chacun

Je suis une jeune femme québécoise âgée de 21 ans, étudiante à l’Université de Montréal, et je porte le voile. Mardi matin, j’ai heurté un mur. Ce mur, c’est le déni violent de ma liberté et c’est cette injustice intolérable qui m’a donné envie d’écrire ces quelques lignes. Voici ce qu’il en est.

 

Le Parti québécois envisage d’adopter une « Charte des valeurs québécoises ». Il s’agirait de bannir les signes manifestant une appartenance religieuse, non seulement des institutions publiques québécoises, mais aussi des hôpitaux et des écoles. Ainsi, sous couvert d’une laïcité maladroite, une femme musulmane qui porte le voile se verra empêcher de pratiquer sa profession d’enseignante ou d’infirmière.

 

Par une telle mesure, nous transgressons le droit le plus absolu qu’est celui de prendre des décisions concernant sa propre personne.

 

Par une telle mesure, nous excluons le principe démocratique le plus important, celui de la liberté, la liberté d’être, de penser, de faire.

 

Par une telle mesure, nous approuvons l’ingérence de l’État dans l’exercice de nos droits les plus personnels et les plus fondamentaux.

 

Par une telle mesure, nous refusons de traiter une personne comme un membre à part entière de la société, qui mérite de réaliser pleinement tout son potentiel humain.

 

Par une telle mesure, nous nous permettons de réduire les valeurs communes et fondamentales qui nous rattachent les uns aux autres à une vulgaire liste réductrice.

 

Il est sans cesse répété que le but de cette charte est la promotion des droits de la femme. Or une laïcité mal appliquée n’aura pour seule conséquence que d’exclure les femmes musulmanes portant le voile du marché du travail.

 

Nous devrions être à la hauteur de nos prétentions d’égalité et de liberté, indépendamment de toute discrimination fondée sur l’origine ethnique, la religion ou le sexe.

 

Une société véritablement libre et démocratique est une société où tous ont la certitude que la loi les reconnaît comme des êtres humains qui méritent le même respect et la même considé- ration. C’est une société qui reconnaît le droit de chacun de prendre des dé- cisions concernant sa propre personne et de se réaliser pleinement, sans ingérence de l’État dans ses choix fondamentaux…

 

 

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