Lettre - Parole de vieux patriote?
Cette course électorale qui s’achève est électrique ? Stimulante et énervante ? Déconcertante ? Et comment ! Elle marque la fin d’une époque, ma foi, avec cette course inhabituelle. À cinq. Une première au pays. À cinq ? Disons à trois (Charest, Legault, Marois). On parle de gagner ou de perdre le pouvoir, quant aux résultats très prochains.
Enfant, c’était simple : c’était bleu ou rouge, conservateur ou libéral. Pour nos pères - mon père -, c’était toujours l’appui au « bon catholique » et « nationaliste » Maurice Duplessis.
Devenu jeune homme, sans cesse je votais libéral. Papa, en colère, en fut très désappointé. Bon sang ne peut mentir ! Progressistes, on a fini par gagner ; ce sera le bel ouvrage des quatre L : Lesage, Lajoie, Laporte et le cher Lévesque.
Après ? De 1961 à… aujourd’hui, ce sera, pour les gens dans mon genre, la lutte pour l’indépendance et la social-démocratie. Mais mardi, au bureau du vote, on va devoir faire face à trois partis en faveur de notre souveraineté (ON, QS et PQ). Aussi, je me dois de voter pour l’un de ces trois partis. Mais…
Un vieux comme moi, venu du RIN, puis du MSA, puis du PQ, ne défroque pas, ne bifurque pas. Abonné à la « cause sacrée », je n’en démordrai pas. Jusqu’à ma mort. Les chicanes actuelles sur « qui est pressé, qui ne l’est pas » m’apparaissent fantaisistes. On dit : « Votez utile. » Autrement dit : votez pour le parti capable de gagner. C’est une idée bien simple, toute raisonnable. Ainsi, je déclare ici pour qui je voterai mardi et tant pis pour le « sacré secret du vote ».
Est-ce que cela appuie l’adage populaire qui dit qu’« on ne change guère » ? Oui, c’est bien vrai. A-t-il hâte à mardi, tard, le vieil écrivain patriote ? Oh oui, évidemment.
***
Claude Jasmin - Sainte-Adèle, le 29 août 2012