Lettres - Le chantage d'ArcélorMittal
Ce n'est pas la première fois que les Québécois sont soumis au chantage de compagnies avant une élection. Rappelons-nous le coup de la Brink en 1970. Malheureusement, nous avons la mémoire courte, contrairement à notre devise nationale.
Voilà qu'ArcelorMittal tente de nous faire le même procédé. Après s'être associée avec Jean Charest le 20 mai dernier en annonçant un projet d'investissement de 2,1 milliards à Fermont dans le cadre du Plan Nord, voilà que l'entreprise confirme la possibilité de retarder son investissement. Que s'est-il passé depuis?D'abord, la possibilité de l'élection du gouvernement Charest se fait de plus en plus mince. Le Parti québécois a pris beaucoup plus de vigueur et la CAQ semble vouloir s'effondrer.
De plus, le Parti québécois a mis à jour l'entente secrète de la minière avec Hydro-Québec selon laquelle elle profiterait du tarif d'électricité préférentiel de 0,045 $/kWh, même si elle ne transforme à peu près pas sa matière première chez nous. Le Parti québécois, s'il prenait le pouvoir, pourrait donc remettre en cause cette entente. Alors, que faire?
On sait que les Québécois ont toujours été peureux sur le plan économique. Pourquoi ne pas leur faire peur? Remettons en doute notre investissement, d'autant plus que le Plan Nord ne semble pas influencer les électeurs de la Côte-Nord et d'une grande partie du Québec. Il sera toujours possible de réviser notre décision lors des prochaines élections si le Parti libéral remonte dans les sondages et annoncer notre intention de maintenir notre projet. Cela pourrait en plus donner une chance à Charest de se faire réélire. Ainsi, on pourrait garder nos privilèges.
J'espère que les Québécois, cette fois, ne tomberont pas dans le piège de la Brink.
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Lucien Lessard - Ex-député et ex-ministre du PQ, de 1970 à 1983 - Québec, le 28 février 2012