Lettres - Débat sur le Taser
La mort de Farshad Mohammadi, ce sans-abri abattu par la police dans le métro vendredi, nous amène à nous questionner sur le traitement que nous réservons aux personnes souffrant de maladies mentales. Mais elle devrait aussi être l'occasion de rouvrir le débat sur le rôle du pistolet à impulsion électrique, le Taser.
La controverse liée à la létalité potentielle du pistolet électrique nous fait oublier que nous acceptons sans sourciller le port par les policiers d'une arme dont la létalité est le but premier. Lorsque ceux-ci se sentent menacés, ils se rabattent à tort ou à raison sur ce qui leur semble le seul moyen raisonnable d'assurer leur défense et celle des citoyens. Leur proposer une autre option pourrait sauver des vies, à condition que son usage soit strictement encadré.Le danger, bien réel, que pose le Taser est que son utilisation ne se banalise et que les policiers n'en fassent usage dans des situations où ils n'oseraient jamais décharger leur arme de service traditionnelle. C'est pourtant une arme très douloureuse et potentiellement mortelle qui ne devrait être utilisée qu'en dernier recours. Son usage trop fréquent causerait peut-être autant de morts qu'il en préviendrait.
Pour prévenir cette dérive naturelle, les services policiers devraient adopter un cadre réglementaire strict qui traite l'usage du Taser de la même manière que celui d'une arme à feu. Par exemple, l'utilisation du pistolet électrique lors d'une intervention déclencherait automatiquement une enquête, comme c'est déjà le cas lorsqu'un policier blesse quelqu'un d'un coup de feu.
Dans ce contexte, les policiers utiliseraient le Taser en avant-dernier recours, pas de prime abord. Mais c'est sans doute un pistolet électrique qui aurait visé Farshad Mohammadi, ainsi que Mario Hamel, dans une situation similaire l'été passé. On se serait épargné du même coup la balle perdue qui a mis fin à la vie d'un cycliste innocent, Patrick Limoges. Et ces trois malheureux seraient encore parmi nous.
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Jean-Michel Laprise - Montréal, le 9 janvier 2012