Mme Turmel et la culture du double sens

ll n'y a pas matière à scandale dans les choix multiples de Mme Turmel, mais certainement matière à leçon. Le Québec vient de se voir dans le miroir, car la chef du NPD correspond à son éternel «noui», tout en le grossissant de façon caricaturale. Je ne blâmerai pas le Québec pour autant, car je n'ai jamais cru à une réelle liberté politique d'un Québec oscillant entre une servitude parfois dorée et la crainte du ROC qui lui interdit l'indépendance. La lecture des médias anglais sur la question québécoise ne nous révèle, presque toujours, que suspicion, incompréhension malveillante et menaces à peine voilées.

Sans doute notre ère individualiste préfère-t-elle les valeurs à la politique. Il n'en reste pas moins que l'État canadien, lui, est fondé sur une définition nationale néo-impérialiste et une constitution qui englobe le Québec en ne lui permettant qu'une affirmation subordonnée à l'intérieur et, au dehors, qu'un rayonnement ludique et artistique ambigu. Si le Québec constitue une nation, il doit être représenté par une force politique nettement identifiée et établie de façon claire face au Canada. En congédiant le Bloc, que l'on «aimât» ou non ses chefs et ses politiques, l'électorat a fait régresser le Québec à un stade antérieur à la Révolution tranquille.

Pour tout dire, fédéralisme et indépendantisme ne sont pas des options, mais les constituants d'identités différente, encadrant les valeurs et antérieurs à celles-ci. Quand Mme Turmel et l'électorat jouent à saute-mouton d'un pôle à l'autre, cela signifie une perte plus moins prononcée du sens de notre nation et une incompréhension certaine des lois de la politique.

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Hubert Larocque - Gatineau, le 4 août 2011

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