Lettres - Jean-Paul Filion (1927-2010): Ti-Jean Québec

«Ti-Jean Québec
C'est vous c'est moi c'est nous
Ti-Jean Québec c'est le bon Québécois»
- Jean-Paul Filion

En passant à Sainte-Anne-de Beaupré, où habitait Jean-Paul Filion, souvent je pensais à cet héritage si négligé de notre folklore québécois et dont il avait été autrefois un remarquable porte-étendard. Mais il n'est plus là désormais. Mort quelques jours avant le jour de l'An, interpellant ainsi une dernière fois «la parenté» comme dans son immortelle chanson qui fut un si grand succès populaire.

Que reste-t-il de lui? Que reste-t-il de notre folklore? J'ai acheté récemment un de ses vieux disques dans une librairie d'occasion. J'ai écouté sa belle chanson Ti-Jean Québec, un appel si personnel et entraînant à un «Québec libre», au coeur d'une Révolution tranquille déjà bien loin de nous. Je me suis senti un peu seul, avec lui cependant, mais comme d'un autre âge... un peu...

Il reste de lui des disques pour qui parvient à les trouver, ses livres remarquables et si méconnus, un air de violon, sans doute, surtout le monologue en hommage à son père intitulé La Grondeuse. Voilà qui est beaucoup et si peu. Il se faisait discret. De nos jours, Ti-Jean Québec ne se voit plus beaucoup sur les places publiques. Est-ce qu'on y peut vraiment quelque chose? Je crois que Jean-Paul Filion aurait affirmé que oui.

À titre d'ethnologue québécois, je dirais qu'il restera de lui surtout sa belle interprétation bien moderne de notre folklore. Jean-Paul Filion n'était pas l'homme des chapelles, celles des folkloristes refermés sur une forme pure bien peu accessible. Il était ouvert, vivant. Et maintenant, c'est bien triste qu'il ne soit plus là.

Mais peut-on arrêter un air de violon de s'élancer? Peut-on empêcher la parenté de célébrer sa joie, son envie de vivre? Peut-on retenir encore ce Ti-Jean Québec qui sommeille en nous depuis si longtemps? Pour moi, Jean-Paul Filion est de cette race qui ne sait pas mourir. Un Ti-Jean Québec dont il faut se souvenir. Et surtout qu'il importe encore de faire vivre en nous pour aujourd'hui et surtout pour demain.

Et puis: «La parenté est arrivée... tout comme au jour de l'An...»

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