Lettre - Les zombies
J'ai lu avec grand intérêt l'article, paru le 28 décembre, de M. Éric Desrosiers intitulé «Les zombies».
Bien des économistes, même quand la réalité ne se plie pas aux conclusions de leurs modèles, persistent à maintenir que les hypothèses de leurs théories sont correctes. En sciences, on sait que les modèles mathématiques sont des cadres abstraits qui servent à analyser la réalité. Cependant, depuis longtemps, on a cessé de prétendre que ces modèles sont «vrais». Par exemple, la théorie de la gravitation de Newton, une des plus grandes avancées de la science, permet de comprendre bien des phénomènes physiques; mais quand on a observé des écarts entre la réalité et les prédictions de ce modèle, ce dernier fut abandonné, remplacé par la théorie de la relativité d'Einstein.Il serait temps que la même évolution se produise en économie. On voit, il est vrai, certains auteurs mettre en doute les piliers du temple économique. Le livre commenté par M. Desrosiers illustre bien cette tendance. Mais, beaucoup agissent encore comme si la théorie économique était «vraie», comme si la main invisible du marché était réellement la seule et unique façon de réguler les activités économiques de façon efficace; ils refusent de remettre le dogme en question, malgré le démenti apporté par les faits.
M. Desrosiers souligne que les économistes n'ont pas de théorie de rechange. À tout le moins, ils devraient cesser de promouvoir auprès des décideurs politiques et des gestionnaires des remèdes proposés par des théories contredites par la réalité. Reconnaître ce que l'on ne sait pas est déjà un pas vers la sagesse.