Pour se rappeler le grand écrivain Bernard Clavel, qui malheureusement vient de nous quitter, j'invite mes concitoyens à lire un excellent petit livre de 157 pages, L'Homme du Labrador pour mieux comprendre cet engouement sincère et profond pour la nature, la chasse, la neige, les loups, les caribous, les grands espaces et ce que ces images du Grand Nord représentent dans l'imaginaire collectif de nos cousins de la vieille Europe. On a l'impression de lire du Jean-Jacques Rousseau.

Les personnages Freddy Jacquier et son ami Dillon Wallace ont traversé le Labrador dans les années 1930. En 1937, Freddy est attablé dans un vieux bistro près de la Saône. Il raconte son histoire: «L'index, le majeur et l'annulaire [de Freddy] sont amputés des deux premières phalanges... C'est quoi... Des engelures! Oh la la! Mais comment vous avez fait votre compte? Un autre silence s'étire pour laisser à l'homme le temps d'un voyage, puis un mot tombe: Labrador! Le mot emplit le petit café des Trois Maries. Il semble trop gros, trop chargé d'étrangeté, trop lointain pour ce vieux quartier tout enveloppé d'odeurs de moisissures et d'égouts. Labrador.»

L'histoire est palpitante, remplie de rebondissements, mais c'est surtout l'épilogue qui nous en apprend le plus sur les Français. Un petit bijou.