Lettres - Des évêques dans le trafic
Lorsque je pense au prêcheur itinérant de Nazareth, selon les nouvelles rapportées dans l'Évangile, je le vois, habillé en habit de semaine, marchant parmi le monde et avec le monde, à l'écoute, attentif aux personnes, à leurs soifs et à leurs blessures, débordant de compassion, de respect. Les autorités religieuses du temps lui ont reproché de se tenir avec n'importe qui, soit tous les exclus socio-religieux de l'époque considérés impurs. Mais les gens rencontrés se sont levés.
Alors, aux autorités religieuses d'ici et d'ailleurs, je suggère des immersions dans le monde. Certains le font.Pas comme dans les rencontres officielles, déguisés en princes d'une autre époque, où ils parlent tout le temps. Prendre une journée par mois (c'est peu) pour se mettre discrètement au diapason de la rue, des lieux de rencontre populaires, des joies et des espoirs, des angoisses et des tristesses de leur peuple. Pour des rencontres à auteur d'homme et de femme, à l'écoute.
Une journée dans la rue principale au centre d'une ville, à observer, une autre en flâneur dans une place d'accueil, un festival de n'importe quoi, ou en stage d'un jour à la Maison des jeunes, ou comme bénévole dans un hôpital, dans une position vulnérable de serviteur [...] Ils en apprendraient des choses importantes et seraient bouleversés. Je l'ai été. Dans un rêve fou, j'ai même vu Benoît XVI et sa curie romaine y retrouver espoir et grande joie... comme des enfants.
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Gérard Laverdure - Montréal, le 10 juin 2010