Lettres - Je me souviens de l'oubli

On s'étonnait récemment qu'André Mathieu ait sombré dans l'oubli durant tant d'années, et on en accusait même le manque de mémoire des Québécois en ironisant sur leur devise: «Je me souviens»...

Il aura fallu un certain alignement de planètes nommées Luc Dionne pour le film, Georges Nicholson pour un livre et Alain Lefèvre pour les concerts, et sans doute leur concertation, pour qu'André Mathieu revienne soudainement «à la mode»... Mais cela, dix-sept ans après (1993) que Jean Claude Labrecque, avec son documentaire André Mathieu, musicien, a sorti de la nuit ce compositeur encore plus oublié à cette époque...

Peu de personnes ont parlé de ce documentaire, durant tout ce feu d'artifice teinté de mea-culpa et de louanges, consacré à André Mathieu... Un film sur l'oubli, et victime de l'oubli! L'existence même d'un artiste, donc de sa mémoire, dépendrait-elle à ce point, dans notre société médiatique, de ceux qui décident, selon leur seul jugement, de qui mérite ou non de ne pas être oublié? J'en appelle à tous les détenteurs de ce pouvoir médiatique.

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James Dormeyer - le 7 mai 2010

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