La nomination du Dr Morgentaler à l'Ordre du Canada soulève la controverse. Qui aurait cru pourtant qu'on pourrait accorder autant d'attention à ce club sélect qu'est celui des membres de cet ordre? En fait, le présent débat ne porte pas vraiment sur la distinction que va recevoir Henry Morgentaler, mais sur le fait qu'il en reçoive une. Des gens qui osent se qualifier de «pro-vie» soutiennent en effet qu'il ne mériterait pas cette distinction.

Vous avez dit pro-vie? Rappelons donc à ces bien-pensants qu'à la fin des années 1960, au moment où le Dr Morgentaler initiait sa lutte pour le droit des femmes à l'avortement, les complications des avortements illégaux et tentatives d'auto-avortement constituaient la principale cause d'hospitalisation des Canadiennes (Bureau fédéral de la statistique, 1968).

La lutte pour le droit à l'avortement visait et vise toujours à redonner aux femmes le contrôle de leur corps, de leur vie. Et au moment où des millions de femmes sur la planète n'ont toujours pas accès à l'avortement ni à des conditions minimales d'autonomie et d'accès à l'égalité, c'est là le véritable sens que nous devrions donner à l'expression «pro-vie».

Les anti-choix ne manifestent pas pour la vie. Ils militent contre le droit des femmes de vivre en santé et en pleine égalité. Ils oeuvrent pour continuer de s'accaparer le contrôle sur elles-mêmes que les femmes ont gagné de haute lutte. Et c'est inacceptable. Médaille ou pas, bravo à tous les Morgentaler de ce monde!