Le mariage gai: au-delà des libertés
Au début de l'humanité, ce qui est appelé à devenir la société humaine émerge au moment où nos lointains ancêtres structurent les relations entre mâles et femelles, entre hommes et femmes. S'ajoutant à l'évolution du langage, cette structuration des relations entre masculin et féminin fonde l'éclosion de la culture et favorise sa distanciation tant symbolique que réelle des impératifs de la nature brute.
Dorénavant propulsé par ses pouvoirs imaginaires et conceptuels, l'être humain va construire son identité spécifique à travers un système de représentations dont les piliers sont les deux pôles sexuels. Ces deux pôles sexuels, le masculin et le féminin, lui permettront de créer la famille, le clan, la tribu, la nation et la société.C'est à travers ce système de représentations que s'inscrit en filigrane la notion de parenté qui permet d'identifier père et mère, fils, fille, oncle, tante, neveu, nièce, cousin, cousine, constituant la famille nucléaire et éloignée dont la connaissance permet de préciser les frontières du tabou fondamental: la prohibition de l'inceste. La prohibition de l'inceste oblige le fils et la fille à quitter leur giron familial pour s'unir à une autre fille ou à un autre fils en provenance d'une autre famille (loi de l'exogamie).
Toutes les sociétés connues ont éventuellement structuré le fondement de la parenté dans un rituel ou une institution qui se nomme mariage en français. Cette institution est souhaitée et encouragée par la société pour encadrer la paternité et la maternité en lui offrant des balises éducatives, économiques et juridiques: mais aussi, surtout, parce que toute société, pour assurer la survie, se doit de ne pas saper le fondement relationnel parental qui la produit, quelle que soit la forme juridique qu'elle lui donne par ailleurs.
Dans cette perspective anthropologique (Freud, Malinowski, Levi-Strauss, Erickson, etc.), c'est donc dire que les relations «conjugales» entre deux personnes de même sexe ne peuvent être considérées comme égales ou équivalentes aux relations conjugales entre deux personnes de sexe différent.
On ne peut pas confondre une pratique sexuelle particulière comme l'homosexualité avec une identité sexuelle et concéder à cette pratique sexuelle la même reconnaissance de droit au plan du mariage que celle accordée à la relation homme-femme qui, malgré ses avatars, est la seule à pouvoir assurer la pérennité de la société et de l'espèce.
Au-delà des droits et libertés s'imposent donc les fondements parentaux de la société, qui priment sur la panoplie des expressions de la sexualité humaine. Ces fondements parentaux de la société valent sûrement une clause dérogatoire car ils sont constitutionnels de la socialisation humaine. En ce sens, maintenir la définition du mariage comme étant l'union d'un homme et d'une femme n'entache en rien les droits et libertés de quiconque; en effet, il s'agit là d'un fondement socioculturel évident que l'insertion dans un texte juridique ne vient que renforcer.
Nous avons tous été conçus par une rencontre masculine-féminine, quelle que soit notre orientation sexuelle. Le versant culturel universel de cette donnée biologique est le mariage, cette sanction sociale que chaque société offre au couple parental homme-femme. En tant que fondement structurel de la société, le maintien du mariage comme étant l'union d'un homme et d'une femme se situe donc au-delà des droits et liberté de la personne.