Bernard Landry doit revenir sur sa décision

Devant le concert unanime d'éloges, provenant même souvent de ses ennemis les plus acharnés, il faut bien l'admettre, la démission de Bernard Landry a été une très grave erreur qu'il peut et doit s'engager, bien humblement, à réparer le plus tôt possible. Contrairement à Jacques Parizeau, qui a déjà regretté son propre départ précipité, Bernard Landry a une chance inouïe de se rattraper de belle façon et de river une fois pour toutes le clou à ses détracteurs qui ne cessent de grenouiller et de «scribouiller» dans son dos... et ce, d'autant plus que ses idées ont largement eu gain de cause lors du congrès du 3 au 5 juin dernier.

La solution est bien simple, elle a été évoquée non seulement par son bon ami Yves Michaud mais aussi par plusieurs membres, plusieurs observateurs et plusieurs intellectuels. Il n'a qu'à se présenter à la direction du PQ et se faire élire, cette fois-ci, par une majorité incontestable et sans appel de milliers et milliers de militants lors du vote universel téléphonique. Il ne faut surtout pas oublier que le chef du PQ est le chef de tous les péquistes et non pas seulement le chef de quelques centaines de délégués qui, le plus souvent, ne représentent qu'eux-mêmes et leurs petits intérêts personnels.

Incidemment, le Parti québécois n'a pas été consulté concernant sa démission, et c'est pourquoi Bernard Landry doit absolument revenir sur sa décision et répondre, bien humblement, à l'appel de milliers et de milliers de militants en se présentant honnêtement et légitimement à sa propre succession. Nous ne sommes pas au Québec, que je sache, dans un régime totalitaire où des chefs obtiennent des majorités factices de 90 % et plus. Et 76 % constitue normalement un excellent score où que ce soit.

Les centaines de votes qu'il a perdus au congrès proviennent de certains militants irréductibles identifiés à des clans minoritaires qui ne représentent qu'eux-mêmes et sûrement pas les milliers et les milliers de militants du parti. Dans un scrutin universel du Parti québécois, ces centaines de votes ne feraient pas le poids et Bernard Landry pourrait très certainement obtenir la majorité légitime nécessaire pour présider aux destinées du parti.

On peut très bien comprendre son écoeurement, sa fatigue et sa lassitude en raison de l'incessant travail de sape dans son dos, mais, tout compte fait, cela n'a aucune commune mesure avec l'aboutissement de sa vie et de ses oeuvres, avec le destin du Québec qui frappe une fois de plus avec insistance à nos portes. Aussi près du but, ce n'est surtout pas le temps de flancher et de tout abandonner! Tout est en place pour l'acte final et un très vraisemblable dénouement heureux est à prévoir en ce qui concerne le Québec, son avenir et son destin.

Le PQ a mûri depuis le dernier référendum, il a beaucoup plus de sagesse et de clairvoyance qu'il y a dix ans. Il doit se ressaisir, réfléchir sérieusement, et choisir le meilleur chef à tous égards, et ce chef, c'est nul autre que Bernard Landry. Il a beaucoup voyagé, il a étudié à l'étranger, il parle plusieurs langues, il connaît bien l'histoire, il a des compétences en économie et en finances publiques, il connaît bien les relations fédérales-provinciales et les relations internationales, c'est un homme qui a une conscience éthique et morale et qui est à l'abri de tout soupçon, il sait très bien s'exprimer et convaincre, il saura gagner notre confiance et bien nous représenter dans les négociations à venir lors du prochain référendum.

Ainsi, sous sa nouvelle direction, le PQ saura mobiliser et rallier la population et lui faire comprendre que, pour qu'elle atteigne sa pleine maturité et son plein développement, elle doit en avoir [de la maturité] et assumer tous les pouvoirs qui sont précisément ceux de l'État qui est souverain, libre et reconnu.

Le «militant» Bernard Landry, malgré tous ses défauts et son petit caractère souvent difficile, est l'homme de la situation et certainement l'homme le plus qualifié, le plus compétent et le plus expérimenté pour conduire le Québec à son indépendance et pour nous représenter avec honneur et dignité sur la scène internationale. Il doit devenir le prochain chef élu du PQ, le prochain premier ministre du Québec et le premier chef de l'État québécois, il en a le statut, l'étoffe, la classe et l'envergure nécessaire. Il peut et doit ainsi devenir le premier président de la République du Québec, là est son destin, tout l'y a préparé.

En ce qui concerne les autres candidats, ils devraient être réalistes, faire preuve de plus de modestie et de retenue, et finalement comprendre que, malgré toutes leurs belles qualités et leurs précieuses expériences, ils ne font tout simplement pas le poids, ils ne sont pas présentement — et en tout respect — à la hauteur des attentes et des exigences du poste, avec tout ce que cela comprend et sous-entend.

Bernard Landry, il faut bien l'avouer et le reconnaître, est présentement le meilleur et probablement le seul candidat capable de conduire le peuple québécois à son indépendance et de construire avec le peuple tout entier ce nouveau pays du Québec, que nous attendons avec autant de ferveur que d'impatience, pour enfin pouvoir devenir maîtres chez nous et faire en sorte que le peuple québécois puisse exprimer la plénitude de son identité profonde et, en toute légitimité, faire entendre sa voix dans le concert des nations.

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