Lettres: Suicide assisté ou meurtre par compassion?

Conjoint ou parent d'une personne atteinte d'une maladie dégénérative et incurable, à évolution lente, qui ne fait de grâce à quiconque en est atteint. Maladie de plus en plus invalidante qui n'offre aucun espoir de guérison, sauf miracle. Miracle qui ne vient pas, qu'on n'espère plus et qu'on ne croit plus possible.

Maladie qui isole, qui emprisonne. Maladie qui apporte son lot de souffrances physiques, morales et psychologiques devenues trop lourdes à supporter seul. Maladie qui fragilise et fait glisser dans la dépression, la peur, l'angoisse, l'insécurité. Maladie qui fait pousser des cris de lamentation qui font mal à entendre, maladie qui déchire de l'intérieur, tout aussi insupportable pour l'un que pour l'autre.

Maladie invalidante qui place dans un état de dépendance telle que même un nouveau-né a plus d'autonomie de mouvement et de capacité d'expression de ses besoins les plus élémentaires. Maladie qui fait naître des sentiments de frustration, d'impuissance, de haine et de rancune, de colère, de doute et de désespoir d'une profondeur infinie.

Maladie qui transporte dans une tout autre réalité, qui porte les désirs vers l'au-delà avant que le coup de minuit n'ait sonné. Maladie qui a donné rendez-vous à la mort inaccessible sans l'autre. Maladie qui met rudement à l'épreuve l'amour d'un conjoint ou d'un parent qui donne sa vie pour cet être cher et qui, en silence et sans jamais se plaindre, souffre de la maladie de l'autre, la respire et la vit au fond de son être.

Est-ce la souffrance, trop grande et trop violente, engendrée par la maladie qui revendique son droit à mourir avec dignité? Est-ce l'être lui-même, en tant que corps, âme et esprit, qui demande assistance à mourir? Que faire devant tant d'insistance d'un être cher qui ne vit plus que pour la mort, la mort de cette souffrance que les mots ne sauraient décrire avec exactitude et qui, pourtant, envahit tout l'être qui, lui, aspire à la vie pleine et entière?

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