Le TIFF doit se séparer de la RBC

Sachant que la RBC est le premier financier mondial des combustibles fossiles, ce qui en fait une entreprise extrêmement polluante,
Sachant aussi que la RBC soutient sans réserve des projets destructeurs sur les terres autochtones et dans les communautés BIPOC,
Nous, soussignés, sommes des cinéastes du Canada et de l’étranger, unis par des préoccupations concernant les droits de la personne et de la crise climatique, et estimons qu’en sponsorisant l’événement le plus important de notre industrie, la RBC achète une licence sociale pour ses actions destructrices.
La lecture des médias a permis d’attirer notre attention sur un ensemble de faits troublants concernant le principal partenaire du Festival international du film de Toronto (TIFF), la Banque Royale du Canada (RBC) :
- La RBC est l’une des entreprises les plus polluantes de notre pays en raison de ses « émissions financées ». C’est l’un des principaux facilitateurs mondiaux de l’extraction des combustibles fossiles, le plus grand en 2022.
- Cette même banque a fait de nombreuses déclarations, prétendant défendre la cause de la lutte contre le changement climatique, ce qui a donné lieu à une enquête fédérale sur la possibilité qu’elle ait trompé ses clients.
- De nombreuses organisations BIPOC et nations autochtones ont dénoncé le fait que la banque autorise sans discernement des projets sur leurs terres ou dans leurs communautés, ce qui, selon elles, ne respecte pas leurs droits fondamentaux.
- La réaction de la banque a été dédaigneuse, les principaux dirigeants des nations autochtones se voyant refuser l’accès à son assemblée générale annuelle alors qu’ils et elles étaient en possession des documents nécessaires. Les demandes d’excuses ont recueilli des milliers de signatures sans pourtant obtenir de réponse de la part de la RBC.
Nous pensons que ces faits troublants font de la Banque Royale du Canada un mauvais commanditaire pour l’événement le plus important de l’industrie cinématographique canadienne.
Si nous voulons jouer un rôle significatif dans la lutte contre la crise climatique et être solidaires des peuples autochtones, nous ne pouvons pas ignorer le rôle de notre industrie dans le façonnement de la culture. Surtout, nous ne pouvons pas donner notre aval tacite à la RBC en lui permettant d’être le principal partenaire du cinéma canadien.
Nos valeurs nous obligent à faire des choix courageux. Alors que la RBC continue de dénigrer et d’ignorer les groupes BIPOC et la société civile, quelle sera notre position ? Notre choix est celui de la solidarité, et la conclusion est donc inéluctable.
Tant que la Banque Royale du Canada restera un bailleur de fonds massif des combustibles fossiles et tant qu’un nombre croissant de communautés marginalisées se battront pour tenir la banque pour responsable du financement de projets sur leurs terres et dans leurs communautés, nous ne pensons pas qu’elle soit un commanditaire approprié du TIFF.
Nous demandons donc au TIFF de mettre fin à ses relations avec la RBC à temps pour l’édition de 2024.
Une organisation dont les revenus s’élèvent à 45 millions de dollars peut se permettre de remplacer le montant annuel estimé d’un million versé par la Banque Royale du Canada en trouvant des partenaires respectueux des êtres humains et de la planète, même pendant que Bell abandonne sa place de commanditaire principal du festival.
Nous comprenons et notons également que l’argent de la RBC est une source importante de soutien pour les cinéastes qui cherchent à s’implanter. À terme, nous devrons trouver des sources de financement moins compromettantes. Dans un avenir rapproché, nous pensons que le Festival international du film de Toronto, avec son pouvoir symbolique, est un excellent ambassadeur pour démarrer ce processus : sevrer notre industrie de l’argent de la Banque Royale du Canada.
Si la RBC élaborait et mettait en oeuvre des politiques solides garantissant que son financement ira à des projets qui soutiennent, affirment et respectent les droits des autochtones et à des actions climatiques décisives visant à réduire les émissions et soutenir les communautés, nous reconsidérerions notre position. Mais comme tout indique que la Banque Royale du Canada est déterminée à faire exactement le contraire, nous pensons qu’il est temps de la retirer de nos écrans.
Ce texte fait partie de notre section Opinion qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse opinion@ledevoir.com. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.