Aucune censure n’a sa place dans les milieux universitaires

Mesdames, messieurs, les dirigeants des établissements universitaires du Québec, au regard d’événements récents qui ont ponctué l’actualité et alimenté la polémique qui existe entre la poursuite d’objectifs favorisant la diversité et l’inclusion en enseignement supérieur, et la protection de valeurs fondamentales et universelles, telles que la liberté d’enseignement et de recherche, une mise au point s’impose.

La Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire offre aux établissements tous les outils nécessaires afin d’assurer que ces valeurs fondamentales sont respectées et même, enrichies. L’objectif de la Loi est de mieux soutenir les établissements universitaires dans l’encadrement de la liberté universitaire et d’en promouvoir l’essor pour les décennies futures.

Sous aucune condition nous ne devrions tolérer la censure dans les milieux universitaires. La censure inhibe la pensée, et la réflexion sous l’emprise de la peur entrave la poursuite de l’excellence qui est au coeur de la mission universitaire. Nous ne saurions sacrifier la liberté universitaire au nom de certaines luttes, au risque d’y perdre les deux au bout du compte. La liberté universitaire constitue le socle même sur lequel s’est construit l’enseignement supérieur et doit continuer de l’être.

Elle façonne nos actions, nos pensées et notre façon d’envisager l’enseignement supérieur au bénéfice non seulement de la communauté étudiante et enseignante, mais de la société québécoise dans son ensemble. Elle est indissociable du pluralisme démocratique qui représente la colonne vertébrale de nos institutions communes. Cette liberté universitaire est non seulement une valeur fondamentale, mais elle est également une valeur québécoise dont nous sommes fiers. Il est de mon devoir de vous le rappeler et de m’assurer qu’elle est respectée.

Cela étant, la poursuite d’objectifs visant la diversité et l’inclusion au sein des établissements d’enseignement est légitime et nécessaire. Cette approche favorise l’égalité des chances, car nous souhaitons tous des milieux d’enseignement qui encouragent l’épanouissement, tant au niveau personnel que scolaire.

Toutefois, ces objectifs ne doivent en aucun cas entraîner quelque forme que ce soit de discrimination ou d’injustice. Or, les exigences Équité, Diversité et Inclusion (EDI) des programmes de Chaires de recherche du Canada, fixées par le gouvernement fédéral, viennent plutôt restreindre certains droits et réduire la primauté des notions de compétence et d’excellence.

À la suite d’une motion que j’ai déposée à l’Assemblée nationale en décembre dernier, la classe politique québécoise, tous partis confondus, a dénoncé à l’unanimité ces façons de faire. J’y soulignais qu’une plus grande représentativité des groupes cibles, sous-représentés, doit toujours s’effectuer dans une logique de compétence égale. Cette façon de faire est au coeur du modèle québécois, et ce, dans tous les secteurs de la société.

C’est dans ce même esprit que j’ai demandé au Scientifique en chef du Québec de revoir sa grille d’évaluation dans l’attribution des Fonds de recherche du Québec, afin que les critères EDI ne soient pas impérativement prédominants, mais plutôt complémentaires. Le contraire mettrait en danger l’excellence, la recherche de la vérité et la liberté universitaire.

Il vous revient à présent d’atteindre cet objectif. Il y va de la qualité de l’enseignement, de la recherche et de la pertinence du milieu universitaire en général.

Ces attentes sont non seulement celles du gouvernement et les miennes, mais elles sont celles de la société québécoise. Répondre à ces attentes est une responsabilité délicate qui peut exiger des arbitrages difficiles. C’est pourquoi, chers dirigeants d’établissements universitaires, vous pouvez compter sur mon soutien total dans la poursuite de cet objectif.

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