L’eau doit faire partie des discussions

«L’abondance de nos ressources en eau ne nous permet pas de voir clairement les répercussions négatives qui ne cessent de se multiplier à son endroit», écrit l’auteur.
Olivier Zuida Le Devoir «L’abondance de nos ressources en eau ne nous permet pas de voir clairement les répercussions négatives qui ne cessent de se multiplier à son endroit», écrit l’auteur.

« L’eau est une question de vie ou de mort » — António Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies

À l’occasion de la COP15, où des représentants des pays du monde entier se réunissent à Montréal pour discuter de la biodiversité — qui se détériore et dont le déclin ne fera que croître si le statu quo est maintenu —, le Canada, pays hôte, aura une occasion unique et privilégiée de faire preuve, devant la communauté internationale, d’ambition et de détermination dans la défense, la protection et la préservation de la nature.

Le Canada devrait donc proposer des solutions novatrices, et nous sommes convaincus que l’une d’entre elles doit porter sur l’eau et sur la biodiversité qui en dépend. Trop souvent, l’eau est mise en second plan dans nos réflexions sur les moyens d’atténuer ou de combattre la crise climatique, et ce, du fait que le Canada dispose d’une quantité importante de cette ressource grâce à ses lacs, à ses rivières, à ses terres humides et à ses aquifères.

Le pays possède environ 20 % des réserves mondiales d’eau douce et 7 % de l’eau douce renouvelable du monde, pour une population représentant environ 0,05 % de la population mondiale. L’abondance de nos ressources en eau ne nous permet pas de voir clairement les répercussions négatives qui ne cessent de se multiplier à son endroit.

Nous avons le privilège de disposer d’eau en quantité, une ressource si précieuse et essentielle à la vie. Cet immense privilège, nous nous devons, vis-à-vis de la communauté internationale, de le gérer et de le protéger de manière adéquate. Or, nous croyons, et nous constatons, que les actions du gouvernement sont insuffisantes à cet égard.

Vulnérabilité écosystémique

En ce sens, au Québec seulement, le Saint-Laurent et nos rivières sont en état de vulnérabilité écosystémique. Dans les basses terres du Saint-Laurent, la naturalité globale de nos rivières est faible, ce qui les prive de leurs fonctions écologiques.

De plus, la majorité des espèces dont l’indicateur de statut est étroitement lié à l’eau sont en situation de précarité. Cela, sans compter l’état de nos infrastructures hydrauliques, qui ne cessent de se détériorer, nous faisant perdre des quantités importantes d’eau, la pollution de l’eau de nos rivières et de nos aquifères, qui est à la hausse, l’état des ressources en eau des autres provinces et encore bien d’autres facteurs inquiétants.

Les indicateurs sont clairs, nous sommes confrontés à une crise de l’eau, qui affecte directement la biodiversité, partout au Canada.

Des solutions concrètes et des mesures ambitieuses pour améliorer la situation existent déjà et des groupes comme le nôtre les ont déjà largement exposées. Mais pour mettre en oeuvre ces solutions et ces mesures, le gouvernement du Canada doit investir davantage pour mieux protéger le Saint-Laurent, nos fleuves, nos rivières, nos lacs, nos milieux humides et nos aquifères, la qualité de leur eau et la santé des résidents contre les effets néfastes des changements climatiques et des substances toxiques. Il faut aussi en faire plus pour les espèces qui y vivent et qui en dépendent.

Des partenaires

Les gouvernements ne doivent pas mener cette bataille seuls. Cette bataille est aussi celle de la société dans son ensemble. Nous voulons être des partenaires pour nos gouvernements afin de les faire profiter de notre expertise. L’eau est le sujet que nous connaissons le mieux. Nous voulons défendre et protéger cette ressource et, pour ce faire, utiliser nos savoirs et nos connaissances, qui ne font que croître. La capacité d’innover est grande au Québec, tout comme la culture du partage de solutions durables dont nous devons pouvoir tirer profit.

Nous avons le privilège de disposer d’eau en quantité, une res-sourcesi précieuse et essen-tielle à la vie

 

Le Canada doit être — et se permettre d’être — plus ambitieux sur le plan de l’eau, car notre avenir en dépend. Le gouvernement du Canada doit donc profiter de la COP15 pour faire preuve d’ambition et montrer au reste du monde qu’il est déterminé à s’attaquer à cette crise de manière à réaliser les objectifs de la Convention sur la diversité biologique.

*Ont aussi cosigné ce texte: 
Dominique Monchamp, directrice générale de la Fondation de Gaspé Beaubien

Jean-Éric Turcotte, directeur général de Stratégies Saint-Laurent

Martin Vaillancourt, directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ)

Jean-Paul Raîche, coprésident du Réseau québécois sur les eaux souterraines (RQES)

Alain Saladzius, cofondateur et président du conseil d’administration de la Fondation Rivières

Mathieu Laneuville, président-directeur général de Réseau Environnement

Jean Paquin, Vice-président, Technologie chez SANEXEN, la division environnement de LOGISTEC Corporation

Denise Cloutier, conseillère principale du Centre d’interprétation de l’eau (C.I.EAU)

Karine Dauphin, directrice générale du Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ)

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