Quelle reconnaissance pour le personnel enseignant immigrant qualifié?

Au lendemain des élections provinciales, le 5 octobre, avait lieu la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants. Comme l’éducation dans la campagne électorale, la reconnaissance du rôle essentiel des enseignantes et enseignants dans notre société nécessite plus d’engagements politiques afin de réellement valoriser le personnel enseignant et la profession. Les discours infériorisant les personnes immigrantes et leur apport à la société entendus au cours des dernières semaines nous amènent aujourd’hui à mettre en lumière, en particulier, leur contribution dans les écoles du Québec en abordant deux enjeux primordiaux pour l’avenir de la profession enseignante : l’équité d’accès à l’emploi et la pénurie de personnel enseignant.
Alors que plusieurs classes au Québec sont encore orphelines d’une enseignante ou d’un enseignant, les recherches sur l’insertion professionnelle du personnel enseignant immigrant ont permis de documenter de multiples obstacles entravant leur accès à l’emploi, en particulier pour les personnes détenant une qualification en enseignement obtenue dans un autre pays. En plus des conditions de travail difficiles caractérisant l’entrée dans la profession comme le statut précaire, les tâches fractionnées, à temps partiel, dans plusieurs écoles, hors de son champ de qualification et avec des groupes dits difficiles, etc., ces enseignantes et enseignants doivent emprunter une voie unique d’accès au brevet en enseignement, et ce quelles que soient leurs formations, qualifications et expériences.
Bien que le ministère de l’Éducation ne tienne pas de données sur les personnes abandonnant au cours du processus de requalification, les récits et expériences recueillis dans nos recherches indiquent que nombre d’enseignantes et enseignants immigrants ne parviennent pas à surmonter les barrières liées à la reconnaissance de leurs acquis et compétences, notamment linguistiques.
Il est urgent que les conditions préjudiciables et inéquitables caractérisant le parcours du personnel enseignant immigrant soient revues pour leur permettre d’exercer leur profession, en toute dignité. La mise en place d’un système de reconnaissance des acquis expérientiels antérieurs, la modulation des conditions d’accès au brevet selon le profil et les besoins différenciés des personnes candidates et la révision en profondeur du stage probatoire constituent des pistes de changements institutionnels porteuses pour accroître l’équité.
Dans un contexte où le nombre de personnes non légalement qualifiées enseignant dans le réseau scolaire québécois est en importante progression, la fin d’une voie unique pour le personnel enseignant qualifié hors Canada pourrait permettre d’augmenter le nombre d’enseignantes et enseignants compétents dans le réseau scolaire québécois et contribuer à résorber la pénurie de personnel. La présence de ces enseignantes et enseignantes qualifiées dans nos écoles relève d’abord et avant tout de l’intérêt des élèves et de leur droit à une éducation de qualité. Merci à vous, enseignantes et enseignants !