Les défis d’une réconciliation durable

Est-il souhaitable de viser une réconciliation durable avec les nations autochtones ? Je le crois, mais il faudra que tous acceptent de collaborer, sans amertume, et cela, pour l’avenir des jeunes Autochtones qui doivent sortir de la politique de « génocide » mise en place par le gouvernement fédéral de l’époque avec la complicité des Églises chrétiennes qui se croyaient en mission d’évangélisation, mais qui ont été complices des pires sévices sur de jeunes enfants enlevés à leurs familles.
Cette cruauté des autorités ne s’effacera jamais de la mémoire des Autochtones qui ont subi des supplices de maltraitances, d’abus sexuels et même de disparition. Les traumatismes subis doivent-ils empêcher les générations futures de vivre dans un environnement sain, respectueux et harmonieux avec les autres nations, notamment la nation québécoise ? Maintenant, quelle est la prochaine étape pour une réconciliation durable ?
Réunir les solitudes
La visite du pape François nous aura permis de constater à la fois l’isolement de l’Église catholique auprès de la population, mais aussi celui des nations autochtones.
Pourquoi ? Parce la nation québécoise était absente du pèlerinage avec les Autochtones. Dans un tel contexte,faut-il s’étonner de la faiblesse des foules, autant sur les plaines d’Abraham qu’à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré ? Tous les représentants des partis politiques municipaux, provinciaux et fédéraux étaient quasi-absents,sauf bien sûr les premiers ministres du Canada et du Québec, diplomatie oblige.
Malgré tout, nos élus auront un rôle important à jouer pour que la future réconciliation soit durable et irréversible avec les Autochtones au Québec. Voici mes suggestions pour une démarche transparente et sans complexe :
1. La démarche juridique : Condamnation par l’Église des prêtres et religieux pédocriminels, excommunication des coupables et collaboration avec la justice, notamment par les archives et témoignages.
2. La démarche politique : Amnistie aux institutions religieuses en retour de la nationalisation des lieux religieux inopérants (églises, presbytères, monastères) afin qu’ils puissent servir aux municipalités pour la construction de logements sociaux, d’écoles, de garderies ou de lieux à usage communautaire.
3. La démarche de sécularisation :Consiste à faire passer des biens d’Église dans le domaine public, ou encore à soustraire à l’influence des institutions religieuses des fonctions ou des biens qui lui appartiennent. Au Québec, la « loi 21 » sur la laïcité de l’État et la déconfessionnalisation des écoles s’inscrit dans cette démarche de sécularisation.
4. La démarche de responsabilisation : Abolir enfin la Loi sur les Indiens, afin que les nations autochtones puissent enfin obtenir leur autonomie politique et territoriale et qu’elles puissent assumer efficacement des services de base à leur population : l’éducation, la santé,la justice, et enfin le développement économique et social.
5. La démarche constitutionnelle : Modifier la constitution du Canada afin qu’elle n’inscrive plus la suprématie de Dieu dans son préambule, tout en reconnaissant les droits collectifs des nations autochtones, et par ricochet les droits collectifs de la nation québécoise. Il faudrait également abolir tous les liens coloniaux avec la monarchie britannique.
En somme, même le pape François a reconnu que « la joie de la foi et de l’expérience chrétiennes est de plus en plus absente de la société québécoise » et que les représentants de l’Églisene doivent plus se croire supérieurs aux autres croyances, notamment vis-à-vis des non-croyants.
Tous ont dit que la réconciliation sera longue. C’est vrai, sauf si on veut que ce soit notre legs pour les générations futures de jeunes Autochtones. Il faut agir dès maintenant !
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