Indépendantistes retraités, levons-nous!

Nous sommes bien placés pour évaluer le tort considérable que l’échec de 1995 a causé à notre peuple, observe l’auteur.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Nous sommes bien placés pour évaluer le tort considérable que l’échec de 1995 a causé à notre peuple, observe l’auteur.

Comme baby-boomers (Québécois nés entre 1945 et 1965), nous avons été témoins et acteurs de la Révolution tranquille. Nous avons aussi largement profité de ses retombées, notamment dans les secteurs de l’éducation et de l’emploi. Cette période d’effervescence, qui a permis de combler le retard socioéconomique du Québec, nous a mis en appétit, puisque nous avons ambitionné d’en faire un pays. Les référendums de 1980 et de 1995 ont malheureusement échoué, le dernier à deux doigts de la victoire. Si le premier nous a laissés sur une note d’espoir — on songe aux paroles réconfortantes de René Lévesque le soir du référendum —, le second a été un véritable crève-cœur.

Notre génération a été porteuse d’un projet admirable qui a mobilisé nos énergies pendant des décennies. Nous avions une foi inébranlable dans les avantages de l’indépendance du Québec. Hélas, à la suite de l’échec du référendum de 1995, nous avons laissé tomber ce chantier, en estimant que c’était désormais aux générations futures de le réaliser ou en espérant qu’un événement exceptionnel viendrait relancer le projet. Quelle erreur ! Notre projet national n’est pas l’apanage d’une, mais de toutes les générations, y compris de la nôtre. Comment convaincre les jeunes générations de reprendre le flambeau si nous le laissons tomber. Quel mauvais message nous leur avons transmis. Nous n’avons pas su leur transmettre notre idéal. Si bien que les jeunes semblent indifférents à l’avenir du Québec, leur patrie. Il est plus que temps de retrousser nos manches et de nous remettre au boulot. Non pas dans le confort de nos foyers, mais sur le terrain, là où se joue l’avenir de notre nation.

Pour la plupart d’entre nous, la retraite a pris le dessus sur le projet que nous avons caressé pendant des décennies. Si bien que, d’indépendantistes retraités, nous sommes devenus des retraités de l’indépendance. Quelques-uns d’entre nous continuent à militer activement. Il faut s’incliner devant leur dévouement admirable. Mais c’est si peu en regard du défi à relever. Certes, le projet national ne nous a pas quittés, loin de là. Nous évitons toutefois de l’aborder pour ne pas ouvrir une plaie qui tarde à guérir. Les retraités de l’indépendance que nous sommes doivent sortir de leur réserve.

Notre génération entre dans le crépuscule de sa vie. Nous sommes bien placés pour évaluer le tort considérable que l’échec de 1995 a causé à notre peuple. Il est plus que temps de reprendre le flambeau et de nous engager à défendre et à promouvoir cette option dans le temps qui nous est imparti. C’est le plus bel héritage que nous puissions offrir à nos enfants et petits-enfants. Ce serait désastreux de décliner cette responsabilité.

Agissons dès maintenant afin que les générations futures ne nous reprochent pas notre négligence ou notre indifférence. Posons un geste symbolique pour signifier que nous n’avons pas oublié, que la question nationale nous tient toujours à cœur, que nous croyons fermement que l’accession du Québec à l’indépendance servirait mieux les intérêts des Québécois. Prenons garde que le crépuscule de notre génération soit aussi celui de la nation québécoise.

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