L'âme au féminin

J' aimerais envoyer quelques remarques en complémentarité au texte intéressant de Madeleine Gagnon, paru en première page du Devoir du 12 août.

Elle indique fort justement l'origine du mot anima, dérivé de l'indo-européen sanscrit aniti: «souffle, air». Mais je ne sais où elle a trouvé que dans le latin d'Église ce mot est devenu masculin, animus. Dans la liturgie de l'Église et dans les enseignements des pères, on trouve toujours le mot anima. En grec, on a psyché, au féminin aussi.

On trouve le mot animus dans la psychologie de C.G. Jung. Anima et animus désignent dans l'inconscient de l'homme les éléments complémentaires de sa masculinité (anima); inversement, dans l'inconscient de la femme, l'élément complémentaire de sa féminité (animus).

On retrouve ces deux termes dans la poétique de Claudel. Anima est l'âme en tant qu'elle est ouverte au divin et à l'inspiration poétique; animus est plus tourné vers le raisonnement et l'activité pratique.

Quant aux populations «découvertes» par les Européens au XVIe siècle, les conquistadores se sont faits à l'idée que ces gens n'avaient pas d'âme pour mieux les exploiter et les éliminer.

Mais le pape de l'époque, Paul III, a réagi en affirmant les droits humains de ces populations et en menaçant d'excommunication ceux qui les priveraient de leurs biens et de leur liberté (1537). Il leur reconnaissait une âme et la capacité de devenir chrétiens par le baptême.

Quand saint Thomas d'Aquin pose la question à savoir si la femme a une âme, ce n'est pas qu'il en doute, c'est simplement un procédé pédagogique pour introduire la réponse, qui est positive. Dans la même pédagogie, il pose une question pareille sur l'existence de Dieu.

La femme a subi tant d'injustices et de mépris dans l'histoire. On ne gagne rien à mettre les choses pires qu'elles ne le sont.

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