Dangereux, le pot ? Oui, monsieur le sénateur !
Le discours du sénateur Pierre-Claude Nolin voulant décriminaliser la consommation des drogues montre clairement qu'il est plus difficile de comprendre ce que l'on voit que de voir ce que l'on comprend.
L'objectif de mon commentaire est de montrer les effets néfastes de la décriminalisation du cannabis pour le développement des jeunes.Le discours du sénateur Nolin prônant la décriminalisation de la drogue présente, à mon avis, plusieurs incohérences et est profondément enraciné dans une désinformation. Les arguments présentés en faveur du cannabis ne sont aucunement appuyés sur des faits empiriques et scientifiques mais bien sur des prépondérants économiques.
Voici un argument cité: il en coûte deux milliards pour intervenir auprès des jeunes avec notre loi actuelle qui criminalise le cannabis. Imaginez l'économie si on modifiait une telle loi! On pourrait donc, grâce à ces économies, investir dans l'information et l'éducation des jeunes face aux dangers de la drogue, affirme M. Nolin.
Ce seul argument me fait penser à une thèse de Paul Watzlawick (1972) portant sur la communication paradoxale.
Si l'on essaie de comprendre, on dit donc aux jeunes, d'une part: vous avez maintenant le droit de consommer des drogues et, d'autre part, attention, c'est très dangereux de consommer. Il me semble que de l'interdire comme cela est le cas actuellement rendrait le message moins paradoxal, non?
De plus, dans son discours, M. Nolin précise: «Il faut dire avec force que le cannabis n'est pas une cause mais bien le symptôme d'un problème.» Selon qui, quelles études, où puis-je trouver ces renseignements scientifiques? En science, la causalité entre des facteurs est très difficile à établir, voire impossible à déterminer avec certitude.
Ce dont je peux être toutefois certain, c'est que la décriminalisation de la drogue est le symptôme d'une société qui désinvestit sa jeunesse, voire qui la rejette.
J'ai travaillé quelques années avec des jeunes «normaux» et d'autres qui éprouvaient des problèmes (toxicomanie, délinquance) et qui venaient de familles problématiques (parents toxicomanes, négligence familiale, abus physiques et sexuels, etc.).
Je suis cliniquement persuadé que le message entendu par ces jeunes advenant une décriminalisation du cannabis serait très incitatif (autant pour les jeunes sans problèmes que pour ceux avec des troubles du comportement).
Mais, avant tout, il faut être conscient que le problème fondamental relié à la décriminalisation de la drogue en est un de désengagement social face à la protection de la jeunesse. Le discours de la libéralisation de la consommation est rétrograde car il prône, à l'instar des années 1970, le «laisser-aller», le manque de structure et d'encadrement des enfants en quête de sens et de repères.
Notons que ce mode d'encadrement «laisser-aller» a bien été évalué par les chercheurs. Baumrind, par exemple, a montré clairement que le «laisser-aller» (faisons un lien ici avec la permission de consommer des drogues) était le type d'encadrement le plus néfaste à l'estime de soi, aux habiletés de coopération, à l'autonomie et à la motivation des enfants.
Est-ce cela que l'on veut construire pour la société de demain qui, rappelons-le, sera celle qui décidera pour nous dans 30 ans?
Mais pourquoi le manque de structure de notre jeunesse a-t-il de tels effets psychologiques? La réponse est relativement simple. Le «laisser-aller» est ressenti par le jeune comme un manque d'intérêt, un manque d'attachement qui conduit inévitablement à un sentiment de rejet.
En décriminalisant la drogue, nous envoyons un message clair à nos enfants qu'ils ne sont pas assez importants pour nous pour qu'on se préoccupe de leur santé physique et psychologique. «Allez, consommez, c'est permis! Oui, oui, on sait que cela aura un effet direct sur votre santé physique et mentale (dépression, dépendance, tentative de suicide, etc.) mais vous pouvez quand même consommer, c'est permis.» Ce genre d'énoncé n'est évidemment pas destiné à quelqu'un envers qui on ressent un attachement profond.
Eh bien, désolé, je suis incapable de dire cela à mes deux jeunes enfants. Aucune loi ne m'y obligera car une telle règle de décriminalisation est pernicieuse et moralement impossible à accepter.
En terminant, j'invite tous les parents et citoyens du Québec et même du Canada à s'opposer fermement aux recommandations du comité que M. Nolin a l'honneur de présider car il est certain, et je le dis avec force, que ce rapport louangera la décriminalisation... pour des fins économiques.