Lettres: Histoires de trottoirs
Depuis plus d'une semaine, on vit dangereusement sur les trottoirs de Montréal, volontairement négligés par les cols bleus, plus soucieux de tenir tête à la Ville de Montréal que de se préoccuper du bien-être de leurs semblables. Bien plus, ils auraient, semble-t-il, obéi aux ordres d'un supérieur leur interdisant d'épandre de l'abrasif. Laissez-moi rire! D'où leur vient tout à coup cette obéissance extrême? Ils auraient pu pratiquer la désobéissance civile et se seraient ainsi gagné l'estime de la population. Au lieu de cela, ils ont regardé d'autres travailleurs, des piétons, au mieux tenter de rester debout au prix d'efforts soutenus, au pire tomber et se blesser.
Pendant ce temps, un artiste, qui signe Roadsworth, fait face à 53 chefs d'accusation pour «méfaits publics». Ses «méfaits»? Avoir réalisé des pochoirs sur le bitume montréalais, pochoirs que l'on pouvait encore admirer au centre-ville avant la neige et le verglas récents.Dans quelle ville absurde vit-on où on arrête un artiste qui, par ses dessins, nous fait oublier la grisaille des rues et des trottoirs montréalais trop souvent mal entretenus et où on tolère que des employés municipaux, par négligence et par obstination, mettent la vie de leurs concitoyens en danger?