Un accord raisonnable et juste avec les Innus

Le gouvernement du Québec doit être félicité d'être parvenu à une proposition d'entente de principe avec une partie importante du peuple innu. Cette offre est historique parce qu'elle propose aux Innus l'autonomie gouvernementale sans demander en retour l'extinction de leurs droits ancestraux. Par ce geste d'ouverture sans précédent, le Québec démontre à la face du monde qu'il n'adopte pas à l'égard des nations minoritaires du Québec la même attitude que le Canada à l'égard de la nation québécoise.

Les Innus n'auraient jamais obtenu de tels résultats si les seuls négociateurs avaient été ceux du gouvernement fédéral. Non seulement le gouvernement du Québec a-t-il déjà reconnu depuis longtemps l'existence des onze nations autochtones sur son territoire, le voilà maintenant qu'il met de la substance autour de ces grands principes. Après être parvenu récemment à des accords historiques avec les Cris et les Inuits, voilà qu'il propose au peuple innu l'autonomie gouvernementale, la reconnaissance d'une pleine propriété de 522 kilomètres carrés, la libre circulation sur les routes et les voies d'eau, 3 % de redevances perçues sur le développement des ressources naturelles, le transfert de 377 millions de dollars de la part des deux niveaux de gouvernement et la participation active des Innus au développement économique de leur région.

Les péquistes et les bloquistes ainsi que leurs chefs respectifs, Bernard Landry et Gilles Duceppe, qui défendent ces idées depuis des années, doivent être remerciés et salués pour leur extraordinaire ouverture d'esprit, qui contraste singulièrement avec l'arrogance et le mépris des Chrétien et Dion.

Cet accord n'a rien d'insécurisant pour les Blancs. Le territoire de propriété en propre n'est que de deux fois la superficie actuelle des réserves; par contre, un plus grand territoire fera l'objet d'un développement économique conjoint, profitable à tous, respectueux des besoins de chacun (emploi, maintien des jeunes en région, etc.). Les chartes des droits et libertés vont s'appliquer partout sur le territoire innu. En somme, on vise une cohabitation harmonieuse et respectueuse plutôt que des affrontements juridiques stériles et coûteux. Sans compter que les Innus acceptent de payer des impôts. Il est donc faux de prétendre que le gouvernement a tout donné aux Innus, alors qu'il s'agit en fait d'un excellent compromis respectueux des positions fondamentales de chacun (intégrité territoriale, maintien des droits, certitude juridique, etc.) et résolument tourné vers l'avenir et le développement de nos peuples respectifs.

Il est temps que les experts en défense des droits des autochtones sortent de leur tanière pour appuyer publiquement et ouvertement la démarche des péquistes et des bloquistes en cette matière au lieu de constamment prendre leurs distances à leur endroit. Leur silence est opportuniste et trahit davantage leur peur de se mouiller que leur désir de neutralité. Un tel silence est d'autant plus inacceptable qu'il risque de les transformer en des alliés objectifs des opposants à une politique de la reconnaissance généreuse à l'égard des autochtones. On a besoin d'entendre les experts en matière autochtone se prononcer publiquement en faveur du BQ et du PQ pour faire taire les Ghislain Lebel de ce monde.

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