Collecte sélective - Des variations de tarifs qui s'expliquent

Au cours des dernières semaines, les médias ont fait état d'une augmentation prévisible du coût de la collecte sélective à compter du 1er septembre. C'est alors qu'entreront en vigueur les nouveaux contrats de collecte sélective devant être octroyés sous peu par les arrondissements formant l'ancienne Ville de Montréal.

Faisant suite à des appels d'offres publics, ces contrats seront accordés à des entreprises comme la nôtre, chargées de ramasser les matières recyclables dans chaque rue et devant chaque maison de la ville et de les transporter au centre de tri. Les nouveaux contrats couvriront une période de plus de quatre ans, soit du 1er septembre 2002 au 31 décembre 2006.

En se basant sur les tarifs établis en 1998, au début de l'actuel contrat qui se terminera à la fin du mois, certains ont jugé que les nouveaux tarifs présentés par les soumissionnaires sont excessifs et injustifiés. Les faits montrent toutefois très clairement que les majorations sont tout à fait raisonnables et explicables.

En effet, ces augmentations résultent en grande partie des changements opérationnels demandés aux transporteurs dans les nouveaux devis de soumission des arrondissements et par les nouvelles directives de la Commission de la santé et sécurité au travail (CSST) du Québec. Ces changements auront certes pour effet d'améliorer l'efficacité du service et la sécurité des opérations, mais à un coût supérieur. Le prix de la collecte sélective restera néanmoins fort acceptable, surtout en considérant les avantages de cette politique pour l'environnement et la société.

Notons tout d'abord que toute comparaison avec les tarifs établis en 1998 est trompeuse. Ces derniers ont en effet été révisés à quelques reprises au cours des dernières années pour tenir compte de l'évolution de l'indice des prix à la consommation et, surtout, pour tenir compte du travail additionnel, non prévu dans le contrat, demandé aux entreprises.

Prenons l'exemple concret d'un arrondissement du sud de Montréal. En 1998, le tarif de collecte sélective établi pour ce quartier était de 13,60 $ par porte et par année. Tel que le prévoyait le contrat conclu avec la Ville de Montréal, ce tarif a été graduellement augmenté en fonction de l'évolution de l'indice des prix à la consommation, ce qui l'amène à 14,45 $.

En 1999, la Ville de Montréal a adopté une nouvelle réglementation, afin de rendre le recyclage obligatoire pour les résidants. L'opération a été couronnée de succès, car le volume de matières recyclables collectées a alors fait un bond de 40 % en moyenne, amenant ainsi la Ville à augmenter le tarif à 20,15 $ la porte. Toujours en cours de contrat, la Ville de Montréal a élargi la collecte sélective aux immeubles de plus de neuf logements, ce qui explique une nouvelle majoration de tarif, celui-ci passant à 21,10 $.

C'est donc sur la base de 21,10 $ par porte et par année, et non pas 13,60 $, que le nouveau tarif couvrant la période 2002-2006 doit être comparé.

Comment justifier que le tarif passe de 21,10 $ à 27,46 $ dans la soumission présentée par notre entreprise à cet arrondissement pour les quatre prochains années et quatre mois?

Une première cause, qui explique à elle seule une augmentation d'environ 25 %, tient notamment au fait que, suivant les nouvelles directives de la Commission de la santé et de la sécurité au travail du Québec, les entrepreneurs devront dorénavant faire la collecte des bacs d'un seul côté de rue à la fois, et ce, même dans les artères à sens unique où la largeur de la voie ne permet pas aux véhicules de doubler les camions de collecte sélective. Cette mesure vise à réduire le risque d'accidents pour les employés.

Le fait de passer deux fois dans une même rue entraîne une majoration des heures travaillées, des frais d'entretien des camions et des coûts de carburant. En outre, il nous faudra augmenter de 30 % notre parc de camions.

Le devis de 2002 impose en outre au transporteur l'obligation d'effectuer un meilleur tri des matières recyclables. Ainsi, le nouveau devis réduit de 20 % à seulement 5 % le pourcentage autorisé de mélange entre les fibres (papier et carton) et les contenants. Le nouveau devis prévoit que des évaluations des chargements seront effectués par la municipalité et qu'en cas de non-conformité, l'entrepreneur devra disposer du chargement à ses frais.

De plus, si l'inspection révèle la présence de plus de 2 % de matières non recyclables, le chargement sera jugé non conforme. Ces nouvelles contraintes, certainement souhaitables du point de vue de l'efficacité de la collecte sélective, se traduisent par contre par des coûts supplémentaires.

Le reste de l'augmentation, soit environ 5 %, s'explique par les majorations du coût des biens et services auxquelles fait face notre industrie. Par exemple, le carburant est passé de 39 cents le litre en 1998 à 64 cents en 2002, ce qui représente une hausse de 64 %. Les primes d'assurance ont augmenté de 42 % entre 1999 et 2001. Les frais de main-d'oeuvre ont crû de 51 % depuis trois ans.

Il ne faut pas oublier que les tarifs soumis cette année couvriront une période de plus de quatre ans. C'est donc dire que l'augmentation de 5 % des coûts des biens et services est à peine supérieure à 1 % par année.

Que faut-il retenir de cette arithmétique? Tout d'abord, que la collecte sélective est une pratique qui permet de protéger les ressources et de diminuer l'enfouissement des déchets, lequel coûte beaucoup plus cher à la société quand on tient compte de l'ensemble des coûts environnementaux (pollution des sols et de la nappe phréatique, gaz à effet de serre, etc.).

Il faut aussi retenir que les tarifs variant entre 26 $ et 30 $ par porte par année soumis par notre entreprise aux arrondissements de la Ville de Montréal pour la période 2002-2006 représentent un coût d'environ 50 cents par semaine par ménage. C'est peu pour protéger l'environnement et c'est moins que le prix d'une boisson gazeuse.

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