Les ambassades russes en guerre

Des pancartes dénonçant l'invasion de l'Ukraine devant l'ambassade de Russie à Londres, vendredi. 
Photo: Daniel Leal Agence France-Presse Des pancartes dénonçant l'invasion de l'Ukraine devant l'ambassade de Russie à Londres, vendredi. 

Alors que la diplomatie s’exerce habituellement avec tact, intelligence et retenue, il semble que les ambassades russes dans le monde soient devenues des agences de désinformation et de propagande, allant jusqu’à se montrer belliqueuses et cavalières envers des pays hôtes et des internautes.

Des journalistes de France Info ont recensé des messages Twitter de différentes ambassades de Russie pour exposer le côté va-t-en-guerre des diplomates russes, ce qui en fait des entités ennemies dans les démocraties.

 

Des ambassades entérinent notamment la thèse de la dénazification, comme en fait foi ce gazouillis de l’ambassade russe au Chili : « Nous allons vous aider à démasquer le néonazisme, un autre aspect de la culture “si proche” du régime de Kiev. » Cette exploitation de la narration « néonazie » du gouvernement ukrainien obtient une adhésion importante dans la population russe.

La thèse de la nazification

 

L’ambassade d’Allemagne en Afrique du Sud a répondu à un tweet de son homologue russe entérinant la thèse de la nazification. La réponse est délectable : « Désolé, mais on ne peut pas rester silencieux, là. C’est bien trop cynique.

En Ukraine, la Russie massacre des enfants, des femmes et des hommes innocents pour ses propres intérêts. Elle ne combat pas le nazisme. Honte à ceux qui tombent dans le panneau. (Malheureusement, on est un peu des experts en nazisme.) »

En Australie, l’ambassade de Russie n’hésite pas, dans un tweet, à pervertir la vérité : « Les forces nationalistes n’ont pas laissé les civils sortir de Marioupol et de Volnovakha. » Les images des grands médias libres nous ont montré le contraire. Marioupol est devenue une ville martyre où l’on tue des civils à qui on refuse des couloirs humanitaires.

Réponse cavalière

 

À un citoyen français qui s’inquiète de la situation, l’ambassade russe en France répond cavalièrement : « Vous êtes un bel exemple de russophobie pour démontrer le vrai niveau intellectuel de vos adversaires. » On repassera donc pour la diplomatie.

Un rideau de fer médiatique s’est abattu sur la Russie, et les médias ont ordre de ne pas utiliser le mot « guerre » ni le verbe « envahir » pour qualifier le massacre en Ukraine. Orwell doit se retourner dans sa tombe… On retrouve ici tous les processus et les techniques de la propagande soviétique durant la guerre froide : « négation ou inversion des faits, camouflage de la vérité, monopolisation du canal, censure, etc. ».

« La fabrication du consentement », pour reprendre l’expression de Walter Lippmann, est utilisée de façon criminelle par Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et relayée par les ambassades de Russie.

Alors que pèsent déjà des accusations de crime de guerre sur Poutine et l’armée russe — nous voyons tous en direct des civils bombardés et tués et la souveraineté d’une démocratie écrasée par la force —, le gouvernement canadien ne peut rester impuissant face à ces ambassadeurs de la haine.

Back in the USSR

 

Devant de tels comportements qui relèvent plus du stalinisme que de la diplomatie, il est urgent que la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, expulsent sans tarder les diplomates russes du pays. Comme le dit une chanson : Back in the USSR

L’ambassade et les consulats pourront alors servir de résidences à des réfugiés ukrainiens.

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