Jean Charest : futur ministre adéquiste ?

On a souvent critiqué, ces derniers temps, l'incapacité de Jean Charest à faire lever l'enthousiasme pour le PLQ. Problème de leadership? L'explication est séduisante mais insuffisante. Le PLQ demeure un parti sans vision, sans projet et sans programme. Le fait qu'il soit sans chef ne fait qu'ajouter à sa misère.

Le problème est que le PLQ est un parti de droite qui peut difficilement s'accepter comme tel, puisqu'il doit éternellement se ménager l'appui des anglophones de gauche et de centre-gauche. C'est pourquoi il joue à la fois sur le tableau des réductions massives d'impôts et sur celui du maintien intégral des programmes sociaux.

C'est bien beau de tout promettre en même temps, mais gouverner, c'est d'abord faire des choix. En d'autres mots, il faut gérer la rareté des ressources.

Lorsqu'on réduit les revenus de 30 %, il faut aussi réduire les dépenses de 30 %. C'est ce qu'on appelle un budget. L'arrivée de plus en plus improbable du PLQ au pouvoir aurait deux conséquences possibles:
- le retour aux déficits massifs comme celui plus que respectable de Daniel Johnson en 1994 (5,7 milliards);
- ou encore des réductions massives dans les dépenses de programme, réductions que les libéraux n'osent pas annoncer puisqu'ils craignent de montrer leurs vraies couleurs.

L'ADQ, même si elle demeure dans l'âme un clone du PLQ, a au moins l'avantage d'être cohérente.

L'ADQ a bel et bien un projet de société: il s'agit de la déconstruction réglée de l'État social québécois par l'implantation des politiques les plus conservatrices empruntées à la droite américaine.

Il s'agit d'accorder au marché la toute-puissance sur la gestion des vies humaines et des affaires sociales.

C'est un projet détestable, mais c'est un projet cohérent. Il trouve ses racines idéologiques dans la pensée néolibérale qui s'est développée aux États-Unis dans les années 50 en réaction à l'économie planifiée des plans quinquennaux en Union soviétiqueÉ

Le Parti québécois possède aussi un projet cohérent. Il s'agit du projet social-démocrate des partis qui cherchent à accompagner les petits peuples à travers les affres d'une mondialisation économique incontrôlée. Il défend ainsi des positions proches du SDP en Finlande, du SAP en Suède, du PvdA aux Pays-Bas ou du SPO en Autriche.

Il s'agit d'un projet solide mais qui s'inscrit dans le contexte particulier de l'Amérique du Nord, où le fait d'être social-démocrate est souvent un sport extrême.

C'est un peu triste pour Jean Lesage et Robert Bourassa, mais le PLQ n'est plus dans le coup. Il aura été victime de son incapacité à se donner un projet clair, autant sur le plan économique que sur la question nationale.

Jean Charest ne doit pas trop s'apitoyer sur le déclin de son parti. À la limite, il peut sauver sa peau et devenir membre de l'ADQ: équipe Mario Dumont.

De cette manière, il y aurait au moins un adéquiste qui serait ministrableÉ

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