De grandes quantités de lait sont jetées aux égouts par les producteurs laitiers du Québec pendant que des milliers d'enfants partent à l'école le ventre vide: c'est véritablement scandaleux. Mais rassurez-vous: l'Union paysanne a la solution!

En plus, cette solution est simple et facile à mettre en oeuvre.

Il s'agit simplement de permettre aux entreprises laitières de vendre du lait cru à la ferme. Merveilleux, n'est-ce pas? («Scandale du lait — l'Union paysanne s'élève contre le gaspillage», http://www.ledevoir.com/2002/08/02/6450.html, 2 août 2002).

Il est vrai que les producteurs laitiers du Québec pourraient et devraient donner du lait aux banques alimentaires.

Il est vrai qu'il est scandaleux de jeter du lait dans les égouts et que ce lait aurait dû prendre le chemin des usines de transformation pour être pasteurisé et distribué à ces organismes.

Il est vrai que l'Union des producteurs agricoles et les transformateurs devraient déjà s'être entendus, après des années de discussions, sur une manière de mettre en oeuvre un tel programme.

Le problème, c'est que tout cela n'a strictement rien à voir avec la possibilité de vendre du lait cru directement à la ferme, contrairement à ce que prétend l'Union paysanne.

En quoi la possibilité de vendre du lait cru à la ferme aura-t-elle pour effet de fournir en lait les milliers de petits Québécois qui partent à l'école sans manger?

En récupérant ce «scandale du lait» pour promouvoir son idée, l'Union paysanne semble montrer qu'elle est prête à prendre les citoyens pour des valises en jouant avec une image sensible comme la faim dans le monde pour les rendre sympathiques à sa cause.

Et pourtant, il existe un grand nombre d'arguments tellement moins tordus pour appuyer les idées dont l'Union paysanne fait la promotion.