Madame Girard, Je tiens à vous faire part de mon étonnement et de ma très grande déception à l'égard du choix des organisateurs du défilé de placer un char vide sur lequel un écriteau disait «64 invitations, 0 présence» pour témoigner du refus de personnalités sportives à s'afficher sur la place publique comme gays ou lesbiennes.

Cette décision me déplaît profondément et porte atteinte à mon avis à la décision strictement personnelle d'afficher ou non publiquement son type de sexualité. Je suis outré que des militants de groupes défendant les intérêts des homosexuels, avides de sensations fortes, soient prêts à tout faire pour parler aux micros et passer à la télé, sans respecter les individus derrière leur sexualité. De surcroît, ces militants qui prétendent représenter la communauté gay, alors qu'il existe des communautés gays, devraient faire un examen de conscience sur ce type d'activisme politique et écouter davantage la majorité silencieuse consternée par les effets très néfastes à long terme de présenter un tel char.

Est-ce que Divers/Cité commence cette année une chasse aux gays et lesbiennes dans les différents métiers et professions de la société? Répétera-t-elle, chaque année, le même cirque dans un domaine différent? Qu'est-ce qu'on veut prouver avec cela? Que ceux qui ont pris cette décision nous le disent et qu'ils rendent des comptes!

Je connais des personnalités sportives homosexuelles qui ont été profondément blessées par le peu d'égard de Divers/Cité à leur endroit. Ces personnalités sont d'abord des individus, avant d'être des gays ou des lesbiennes, et avant tout des personnes aux talents et à la discipline hors du commun. Respectez-les, s'il vous plaît, pour ce qu'elles accomplissent comme prouesses sportives. Je ne connais aucun sportif prêt à sacrifier sa carrière, déjà suffisamment courte dans bien des sports, pour faire plaisir à un militant d'un groupe gay, qu'il soit président de Gai Écoute ou non.

Je ne connais aucun sportif ayant dévoilé publiquement son orientation sexuelle avant d'avoir gagné d'importantes victoires ou d'être en pleine ascension dans sa carrière. Bien souvent, c'est quand la carrière est terminée ou presque que l'annonce publique survient. Même chose pour les politiciens. Au Québec, aucun n'a dévoilé publiquement son homosexualité avant d'être choisi comme ministre. Vous me répondrez qu'André Boulerice l'a fait, et je vous dirai que je ne comprends toujours pas pourquoi il est devenu ministre, probablement parce que la majorité de la députation péquiste a des responsabilités ministérielles d'une façon ou d'une autre.

Je me demande si les organisateurs des Jeux gays de 2006 sont d'accord avec ce type de char. Vont-ils, eux aussi, se lancer d'ici 2006 à la chasse aux homosexuels parmi les personnalités sportives québécoises et canadiennes? Vont-ils associer dévoilement de son orientation sexuelle avec courage et loyauté envers les personnes qui ont la même orientation sexuelle? Je veux que les sportifs, gays ou non, nous montrent leur courage et leur bravoure dans leur discipline sportive et non comme «show off» pour une poignée de militants assoiffés de succès par à-coups sans lendemain.

J'ai été bénévole l'an passé lors du défilé, mais je n'ai pas l'intention de l'être de nouveau si cette pratique du char vide, pour dénoncer des individus qui ne veulent pas afficher publiquement leur homosexualité, se poursuit.

En terminant, je vous félicite personnellement, vous et votre équipe, pour les efforts réalisés tout au long de l'année afin d'organiser cette semaine d'activités très intéressantes pour l'ensemble des communautés gays et lesbiennes du Québec. Depuis 10 ans, les résultats prouvent d'une année à l'autre que ce type de célébration a sa place à Montréal et au Québec.