Une taxe pour les non-vaccinés, pour de meilleurs résultats

«Une taxe pour les non-vaccinés placerait les coûts sociaux au premier plan dans l’esprit des Canadiens, et elle serait bénéfique pour nous tous», écrivent les auteurs.
Photo: Evan Vucci Associated Press «Une taxe pour les non-vaccinés placerait les coûts sociaux au premier plan dans l’esprit des Canadiens, et elle serait bénéfique pour nous tous», écrivent les auteurs.

Les récentes réflexions du premier ministre Legault à propos d’une « contribution santé » pour les non-vaccinés ont suscité des cris d’indignation parmi ceux qui la considèrent comme une atteinte à la liberté ou qui doutent de son efficacité. Mais une taxe sur les non-vaccinés n’est pas différente des autres moyens d’encourager des choix sains — et cela pourrait aider à mettre fin à la pandémie.

La COVID-19 est une maladie hautement contagieuse. Les vaccins — avec les troisièmes doses de rappel — ne réduisent pas seulement le risque d’infection pour les vaccinés. Ils réduisent également la transmission du virus à d’autres personnes.

La vaccination est donc une forme de comportement bénéfique pour la société. En refusant les vaccins, les gens ignorent probablement les risques pour la santé que leur décision impose aux autres. Et ils ignorent probablement aussi les coûts qu’ils imposeront à notre système public de santé s’ils sont infectés.

Une taxe pour les non-vaccinés amènerait ceux-ci à prendre en considération les coûts qu’ils imposent aux autres et à faire le bon choix pour l’ensemble de la société, au lieu de profiter du fait que la majorité d’entre nous est vaccinée. Voilà, en bref, la justification économique d’une taxe pour les non-vaccinés.

Les bénéfices sociaux de la vaccination sont considérables. Dans une étude récente, nous estimons que, pour 1000 nouveaux cas de COVID-19 parmi les non-vaccinés, entre 400 et 800 autres personnes seront infectées, et même plus à mesure que la distanciation sociale et d’autres restrictions seront levées. Cela entraînera des hospitalisations et des décès supplémentaires, ainsi que des milliers de jours de travail perdus à cause de la maladie et de l’auto-isolement.

En tout, nous estimons que chaque Canadien non vacciné impose au moins des coûts de 1500 $ à ses concitoyens chaque année. Une taxe de 1500 $ imposée à ceux qui n’ont pas eu trois doses d’un vaccin approuvé aiderait les gens à faire les bons choix pour eux-mêmes et pour les autres.

Payer le coût

 

L’Association canadienne des libertés civiles, entre autres critiques, a qualifié une taxe pour les non-vaccinés de « mesure qui finira par punir et aliéner ceux qui ont peut-être le plus besoin de protection » et de « restriction profondément troublante […] des droits protégés par la Constitution ».

Mais une taxe, contrairement à la vaccination obligatoire, préserverait les droits individuels. Les Canadiens seraient libres de rester non vaccinés dans la mesure où ils seraient prêts à en payer le vrai coût. Et personne ne se verrait refuser les soins médicaux ou obligé de payer pour un tel traitement, quel que soit son statut vaccinal. La Loi canadienne sur la santé serait donc entièrement respectée.

La résistance à la vaccination peut provenir de la désinformation, de la pression de la communauté ou d’une méfiance traditionnelle envers la science et le gouvernement. Bien que ces raisons paraissent irrationnelles à la plupart d’entre nous, nous devrions combattre la crainte du vaccin de la manière la moins coercitive possible. La vaccination obligatoire pourrait être une mesure coercitive, et de toute façon, on n’a probablement pas besoin d’une vaccination à 100 % pour obtenir une immunité collective contre la COVID-19. Une taxe pour les non-vaccinés résoudrait en partie notre problème de santé publique, tout en permettant à ceux qui paient l’amende proposée de ne pas être vaccinés.

Une taxe pour les non-vaccinés est conçue pour protéger la santé des autres, contrairement aux taxes proposées sur les boissons gazeuses et les aliments sucrés, qui affectent principalement notre propre santé. De plus, la taxe annuelle proposée de 1500 $ serait bien inférieure à ce que de nombreux fumeurs paient déjà avec les taxes sur les cigarettes.

La réticence à la vaccination semble être plus courante chez les Canadiens noirs et les populations à faible revenu, ce qui soulève des préoccupations en matière d’équité. Mais c’est également le cas du tabagisme — et cela n’a pas empêché les gouvernements de le taxer à des niveaux élevés. Et pour de bonnes raisons.

Selon un récent sondage, plus de Canadiens à faible revenu que d’autres ont indiqué qu’une incitation financière pourrait les amener à accepter la vaccination. Si c’est le cas, les personnes à faible revenu ne subiraient aucun fardeau fiscal lié à la taxe et elles bénéficieraient en même temps de tous les avantages de la vaccination. Ainsi, une taxe pour les non-vaccinés pourrait être un coup de pouce conduisant à de meilleurs résultats pour tous.

Maintenant dans sa troisième année, la pandémie a été dévastatrice pour notre santé et notre économie. En raison de nouveaux variants et d’une immunité en déclin, un programme de vaccination continu sera essentiel dans les années à venir. Une taxe pour les non-vaccinés placerait les coûts sociaux au premier plan dans l’esprit des Canadiens, et elle serait bénéfique pour nous tous.

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