Quel avenir pour les anciens terrains de golf ?

«Les milieux naturels ont un rôle fondamental à jouer, non seulement dans la captation du carbone, mais aussi sur le climat et la qualité de l’air à l’échelle locale», écrit l'autrice. 
Photo: iStock «Les milieux naturels ont un rôle fondamental à jouer, non seulement dans la captation du carbone, mais aussi sur le climat et la qualité de l’air à l’échelle locale», écrit l'autrice. 

Depuis plusieurs années, la pratique du golf est en perte de vitesse. En témoignent les nombreuses fermetures (12 depuis 2010) dans la région de Montréal. Ces terrains sont le plus souvent voués à la construction résidentielle ou au secteur industriel.

Et s’il y avait une autre façon de voir les choses ? Nombreux sont les groupes dans la région métropolitaine qui défendent un ancien golf afin de le voir transformé en parc nature pour la population locale. La requalification des anciens golfs en espaces naturels aiderait à atteindre les cibles du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Le PMAD vise la protection de 17 % du territoire d’ici 2031, un pourcentage qui stagne à 10 % depuis l’adoption du PMAD en 2011. Montréal est en fait bonne dernière parmi les villes canadiennes pour l’espace dévolu aux espaces verts par 100 000 habitants. Tous ces anciens golfs offrent un excellent potentiel de renaturalisation, comme le soulignait la Ville de Montréal dans une déclaration d’avril dernier qui reconnaissait « l’importance de préserver la vocation d’espaces verts des terrains de golf situés sur son territoire ».

Les milieux naturels ont un rôle fondamental à jouer, non seulement dans la captation du carbone, mais aussi sur le climat et la qualité de l’air à l’échelle locale. Les espaces naturels contribuent à la lutte aux îlots de chaleur, à la gestion des eaux de surface et à l’augmentation de la biodiversité, autant de phénomènes non négligeables à l’heure des changements climatiques, des événements météorologiques extrêmes et des épisodes de chaleur intense que subissent nos villes.

Le fait que ces terrains de golf soient bien situés présente un avantage supplémentaire : des études montrent que la proximité à un parc encourage la pratique d’activités de plein air et contribue à la santé mentale.

Qu’est-ce qui empêche donc la requalification des anciens terrains de golf en parcs nature ? Certaines municipalités avancent qu’elles ont besoin des revenus que procureront de nouveaux résidents. Maire de Westmount pendant 18 ans, M. Peter Trent souligne au contraire que dans certains cas, « les demandes des nouveaux résidents en services municipaux peuvent dépasser les revenus qu’ils génèrent. Ajoutez à cela l’augmentation de la note des services régionaux, comme la police, les transports publics et l’eau, et l’apport d’un nouveau projet résidentiel peut en fait s’avérer négatif ».

Dans d’autres cas, les municipalités et leurs citoyens se butent à un obstacle majeur : l’évaluation des terrains. Dans sa forme actuelle, la loi provinciale sur l’expropriation rend extrêmement difficile aux municipalités l’acquisition des terrains auprès des promoteurs immobiliers. Plusieurs municipalités ont d’ailleurs adopté des résolutions demandant des modifications à la Loi sur les expropriations, modifications semblables à celles adoptées par la majorité des autres provinces canadiennes. Une pétition a aussi été déposée à l’Assemblée nationale par la coalition Les terrains de golf en transition demandant que l’indemnité d’expropriation soit calculée sur la juste valeur marchande la plus raisonnable d’une propriété, en tenant compte des contraintes réelles de son développement et du zonage en vigueur. Cette pétition a recueilli plus de 2100 signatures en moins d’un mois.

Alors que le gouvernement du Québec entame une grande conversation nationale sur l’urbanisme et l’aménagement du territoire, l’avenir des anciens terrains de golf présente un potentiel pour redonner au Québec ses lettres vertes.

* La coalition Les terrains de golf en transition réunit : Regroupement des résidents de Candiac, Dernier espace vert de Chambly, Les amis du parc Meadowbrook, Mouvement citoyen — Parc nature Beloeil, Green Rosemère Vert, Sauvons le golf Le Boisé — Terrebonne, Coalition citoyenne pour le parc-nature du Bois-d’Anjou, La Coalition verte – Green Coalition, TechnoparcOiseaux et Parc Sentiers des bois de Laval.

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