L’importance de reprendre les négociations de paix

«On peut toujours rêver et espérer que ce plus récent épisode d’une tragédie qui dure depuis plus de 70 ans fera comprendre l’importance de reprendre le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Dans une région qui a bien besoin de stabilité, cette perspective apparaît malheureusement bien lointaine», croit l'auteur.
Photo: Mohammed Abed Agence France-Presse «On peut toujours rêver et espérer que ce plus récent épisode d’une tragédie qui dure depuis plus de 70 ans fera comprendre l’importance de reprendre le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Dans une région qui a bien besoin de stabilité, cette perspective apparaît malheureusement bien lointaine», croit l'auteur.

Les conflits au Moyen-Orient reviennent toujours hanter la communauté internationale. Après le Printemps arabe, le terrorisme de Daesh [NDLR : le groupe État islamique], les guerres en Syrie, au Yémen, la descente aux enfers du Liban, sans oublier le mouvement Hirak en Algérie, c’est à nouveau le conflit israélo-palestinien qui, caché sous les braises, reprend du service.

Les manifestations de jeunes Palestiniens, les bombardements israéliens sur Gaza et les roquettes palestiniennes ne sont pas nouveaux et se répètent à intervalles réguliers, avec leur lot de souffrances et de destructions. Sans apporter quoi que ce soit de positif sur le terrain politique des négociations. La question israélo-palestinienne ne progressant au cours des dernières années qu’en faveur de l’État hébreu.

Ce dernier a continué d’implanter toujours plus de colonies de peuplement en Cisjordanie et a poursuivi son blocus de Gaza. Sans oublier que la Maison-Blanche de Trump a unilatéralement reconnu une souveraineté israélienne sur Jérusalem et le Golan occupé. Et des pays arabes ont graduellement établi des relations officielles avec Israël.

Des pressions nécessaires

 

Tout cela donnant l’impression que les Palestiniens, comme les Kurdes ou les Sahraouis, allaient passer à la trappe de l’histoire. Mais cette dernière nous jouerait-elle un tour ?

A priori, les événements des derniers jours ne profitent qu’à des dirigeants politiques pour leurs propres fins. D’un côté, Benjamin Nétanyahou, incapable de former une coalition, tente de diviser son opposition avec cette crise, pour réussir à se maintenir au pouvoir. Du côté palestinien, le Hamas, fort de sa puissance militaire, se positionne comme la seule véritable résistance à Israël, alors que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est complètement marginalisé. Incapable même d’affronter son électorat après 15 ans à sa tête.

Jusqu’à maintenant, à part les expressions convenues d’inquiétudes et de préoccupations des grandes capitales, y compris d’Ottawa, il ne semble pas y avoir une véritable volonté, du moins publiquement, d’exercer les pressions nécessaires pour faire cesser l’escalade. On laisse les pugilistes se taper dessus.

L’implication des Américains

Le gouvernement Biden, qui ne souhaitait sûrement pas devoir s’impliquer dans un dossier qui apparaît insoluble depuis des décennies, devra sans doute le faire. Il serait surprenant que les Américains exercent de la coercition sur le gouvernement israélien.

C’est à voir, surtout si tout cela se met à déraper, particulièrement au chapitre des pertes civiles. Et que penser d’une entrée des forces armées israéliennes à Gaza ? Au moins, les Américains ont repris leurs contacts avec les Palestiniens et repris leur aide humanitaire, interrompus par Trump.

Par contre, ce sont les populations des pays arabes du Golfe, ceux des « Accords d’Abraham » avec Israël, le Bahreïn et les Émirats arabes unis, qui doivent se poser des questions quand elles voient la police israélienne tirer gaz lacrymogène et balles de caoutchouc sur les manifestants palestiniens en pleine esplanade des Mosquées à Jérusalem, un des lieux saints de l’islam.

Et que penser du Maroc qui reprenait ses relations officielles avec Israël ?

Une tragédie de plus de 70 ans

La monarchie saoudienne qui, malgré les pressions du gendre de Trump, n’a pas fait le grand saut avec Jérusalem, se retrouve en position de force au sein des pays arabes, étant l’un des seuls à garder certaines distances, du moins publiquement, avec Israël. Elle doit s’en réjouir. Cette crise est aussi un argument pour la Turquie d’Erdogan et l’Iran des mollahs.

On peut toujours rêver et espérer que ce plus récent épisode d’une tragédie qui dure depuis plus de 70 ans fera comprendre l’importance de reprendre le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Dans une région qui a bien besoin de stabilité, cette perspective apparaît malheureusement bien lointaine à l’heure de dossiers comme les changements climatiques et l’affrontement entre la Chine et les États Unis sur l’échiquier mondial.

Mais tant que ce conflit ne sera pas réglé de manière juste et équitable, les deux parties et surtout leurs peuples continueront d’en payer le prix et il alimentera les extrémistes.

Mais le Moyen-Orient est toujours imprévisible.

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