Pour les inhalothérapeutes, un rehaussement est nécessaire

«Si la pandémie de la COVID-19 a mis de l’avant notre profession et notre rôle crucial en assistance ventilatoire, elle a aussi mis en lumière le fossé grandissant entre la formation initiale et les besoins en pratique clinique au sein des équipes de soins», pensent les signataires.
Photo: Piero Cruciatti Agence France-Presse «Si la pandémie de la COVID-19 a mis de l’avant notre profession et notre rôle crucial en assistance ventilatoire, elle a aussi mis en lumière le fossé grandissant entre la formation initiale et les besoins en pratique clinique au sein des équipes de soins», pensent les signataires.

En réponse à l’article intitulé « Inhalothérapie : une formation collégiale ou universitaire », paru le 23 janvier dernier.

Ce n’est pas d’hier que les inhalothérapeutes réclament un rehaussement de la formation initiale. En fait, cela fait plus de 20 ans.

Présents dans toutes les sphères du réseau de la santé, nous sommes plus de 4400 professionnels en santé cardiorespiratoire. Travaillant en équipe avec, notamment, des médecins généralistes et spécialistes, ainsi qu’avec des infirmières, nous sommes des membres essentiels des équipes de soins. Du bloc opératoire aux soins intensifs, en passant, entre autres, par les laboratoires de physiologie respiratoire ou du sommeil, la médecine générale, les soins à domicile ainsi que le transport interétablissement, nous interagissons avec une clientèle variée, du prématuré à la personne âgée. Notre expertise en évaluation de la condition cardiorespiratoire des patients n’est plus à faire.

Si la pandémie de la COVID-19 a mis de l’avant notre profession et notre rôle crucial en assistance ventilatoire, elle a aussi mis en lumière le fossé grandissant entre la formation initiale et les besoins en pratique clinique au sein des équipes de soins.

Même si nous sommes diplômés d’une technique, notre réalité est toutefois celle d’un clinicien. Nous devons analyser la situation qui se présente à nous afin de poser un jugement clinique et de réagir en proposant un plan d’intervention adapté. Le niveau de complexité des activités professionnelles et le jugement clinique requis pour exercer, notamment, dans les soins critiques et en sédation analgésie, là où l’évaluation et le suivi clinique des patients sont essentiels, nécessitent une formation plus poussée. Le raisonnement clinique et la pensée critique, pierre angulaire de notre pratique, s’acquièrent avec l’expérience, certes, toutefois une formation universitaire permettrait qu’elles soient développées à la fin des études.

Notons qu’au sein des équipes multidisciplinaires aux soins intensifs, nous sommes les seuls cliniciens à ne pas avoir accès à une formation initiale de niveau universitaire.

Par ailleurs, le DEC de trois ans ne permet plus d’acquérir l’ensemble des compétences nécessaires à l’entrée dans la pratique actuelle. Depuis plusieurs années, les milieux de travail doivent pallier le manque de formation par des programmes de formation théorique et de mentorat de plusieurs semaines à l’embauche. Rappelons que, dès son premier jour de travail, un nouvel inhalothérapeute peut être appelé à intervenir sur des situations complexes comme un arrêt cardiaque ou un accidenté grave de la route.

L’ajout d’une année au DEC, comme abordé dans l’article du 23 janvier, n’apporterait qu’une solution partielle aux problèmes cités, puisque les compétences à acquérir dans la pratique contemporaine de l’inhalothérapie dépassent largement, en termes d’heures de formation, une année supplémentaire au collégial.

Nous avons le devoir d’assurer des soins sécuritaires par une pratique exemplaire et d’exercer avec compétence grâce à la meilleure formation initiale possible. N’oublions pas, après tout, que le mémoire déposé par notre ordre professionnel pour le rehaussement de la formation initiale a été réalisé en collaboration avec le Collège des médecins du Québec.

Nous, inhalothérapeutes, sommes là, partout, pour vous !

*Cette lettre est appuyée par près de 1500 autres signataires.

Ce texte fait partie de notre section Opinion qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse opinion@ledevoir.com. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.

À voir en vidéo