
Refuser la banalisation du racisme: un engagement collectif

Nous, les soussignés, croyons qu’il est possible, au sein de la communauté littéraire et culturelle, de refuser collectivement la valorisation d’idées qui mènent directement ou indirectement à des violences à l’égard de nos camarades racisés. Sans pour autant demander l’arrêt de leur diffusion, c’est-à-dire leur censure, nous souhaitons, à travers cette lettre ouverte, exprimer et expliquer notre désaccord face à l’encensement et la promotion de livres qui ont pour effet de banaliser le racisme au Québec.
Mise en contexte : « Lire en chœur » est une vitrine promotionnelle organisée par l’Association des libraires du Québec (ALQ) qui propose, depuis le printemps dernier, du lundi au vendredi, une capsule offrant des suggestions de livres de la part d’auteurs, de libraires et d’autres acteurs culturels. Le mercredi 25 novembre 2020, l’ALQ y a invité François Legault, premier ministre d’un gouvernement qui, faut-il le rappeler, refuse de reconnaître l’existence du racisme systémique au Québec.
Le racisme systémique est une des multiples facettes du racisme. Il ne relève pas d’une intention individuelle et s’exprime plutôt à travers le maintien de disparités dans l’organisation de la vie économique, culturelle et politique d’une société. Il peut prendre différentes formes : discrimination par rapport à l’emploi ou au logement, profilage racial, difficulté d’accès à des traitements médicaux, à l’eau potable et à l’électricité, sous-représentation dans les cursus scolaires, inégalités économiques, sujétion démesurée aux violences sexuelles et policières, etc. Le mot « systémique » renvoie à la structure sociale (composée d’institutions, de lois et de politiques) au sein de laquelle s’opèrent des inégalités raciales. C’est pour cette raison qu’on dit que le racisme systémique privilégie spécifiquement et nécessairement les personnes blanches, étant donné qu’elles sont surreprésentées dans les sphères de pouvoir, et qu’il porte atteinte aux droits, à la dignité et à l’épanouissement des personnes noires, racisées, autochtones. Le racisme anti-Blanc n’existe pas : la structure sociale actuelle étant déterminée majoritairement par des personnes blanches, elle ne peut, par conséquent, être fondée sur leur propre exclusion. L’omniprésence des personnes blanches dans les médias et l’absence des personnes racisées, dont celles qui ont formulé des critiques à la suite des décisions de l’ALQ, et qui en ont amèrement payé le prix, en témoignent.
L’ALQ a choisi de diffuser, par le biais d’une liste et d’une capsule vidéo, les « prescriptions littéraires » du premier ministre, dont certaines, sans étonnement, lui ont servi à défendre ses idéologies et contribuent à la normalisation des discours haineux contre les personnes racisées. Dans le contexte actuel, comment croire que ces recommandations de lecture ne sont pas politiques, voire démagogiques ? Nous remettons en question le choix d’avoir invité le premier ministre, car cette décision nous semble nuire à l’esprit « rassembleur » du projet, défendu par l’ALQ elle-même, et qui nous avait convaincus initialement de sa pertinence. Comme écrivains, professeurs de littérature, éditeurs, lecteurs, libraires, directeurs littéraires, traducteurs, travailleurs culturels, nous nous désolons de voir notre lien de confiance avec l’Association ainsi brisé, une confiance qui était encore fragile, car elle découlait d’une volonté d’inclusion et d’ouverture récente, consentie après des années de discussions où il lui était demandé un plus grand souci de diversité dans les œuvres dont elle fait la promotion. Tout semble à recommencer.
La communauté littéraire est sensible aux façons de nommer et aussi à ce que l’on refuse de nommer. Elle est sensible aux conséquences qu’ont les mots sur les individus et sur la société ; car il n’est pas question ici que de livres « prescrits ». Cette communauté sait que la lecture n’est pas une vertu en soi, pas sans esprit critique. Certaines des lectures suggérées par le premier ministre ont des impacts directs sur les discours, les gestes, les projets législatifs qui seront adoptés ou non en Assemblée. Le 24 novembre 2020, la veille du passage du chef de la CAQ à « Lire en chœur », le gouvernement a refusé de débattre devant l’Assemblée nationale d’une motion visant à adopter le Principe de Joyce ― une initiative lancée par la communauté attikamek dans le but d’assurer l’accès à des services sociaux et de santé sans discrimination à toute personne autochtone. Cette motion exigeait une reconnaissance du racisme systémique au Québec, ce que le gouvernement s’entête à nier. Ce déni démontre que les propos du premier ministre n’engagent certainement pas que lui.
Nous appelons donc à une réflexion commune sur la responsabilité qu’a toute personne et tout organisme en position de pouvoir, y compris dans les milieux littéraire et culturel, de ne pas contribuer à la banalisation du racisme. La question se pose : pouvons-nous faire ce choix collectivement ? Car cette banalisation donne lieu à des violences envers nos camarades racisés. Ces violences affectent l’ensemble de la société et nourrissent un climat général hostile et violent.
Au cours des derniers jours, les personnes racisées dans le milieu littéraire ont porté un poids encore plus lourd que d’habitude sur leurs épaules. Plusieurs étaient terrifiées à l’idée de prendre position publiquement et de soulever l’ironie qu’une association qui récompensait, un an plus tôt, un livre portant sur le racisme systémique et la violence d’État au Canada diffuse maintenant des propos niant l’existence de ce même racisme systémique. Leur crainte était fondée : la haine a déferlé à leur égard, et elles se sont fait menacer, insulter, traiter de terroristes et d’extrémistes. Or, ces personnes avaient seulement demandé de la cohérence et des excuses de la part de l’ALQ. Elles ont tenté d’entamer un dialogue en sachant très bien le coût de cette prise de parole publique pour une personne racisée qui ose remettre en doute le statu quo (ce qui représente d’ailleurs une des manifestations du racisme systémique). Il est important de souligner que certaines d’entre elles ont pris part à l’initiative « Lire en chœur ». Ainsi, l’ALQ les a conviées à partager leurs connaissances et leurs influences littéraires, puis elle a refusé d’examiner leurs critiques, d’accorder une valeur à leurs expériences et à leurs réflexions. Ces personnes investissent et sont investies dans le milieu du livre, elles sont productrices et consommatrices de littérature : elles participent à la survie et à l’épanouissement de l’ALQ, et méritent d’être entendues par elle.
En supprimant sans explication la liste des recommandations de lecture du premier ministre des réseaux sociaux de l’ALQ, l’Association a rejeté le blâme de ce retrait sur ces mêmes personnes, des personnes qui ne l’avaient pourtant jamais exigé, des personnes qui ne disposent pas de l’autorité nécessaire à la mise en pratique de la censure et qui, au contraire, font plutôt les frais des diverses structures d’autorité. Ce qui avait été demandé, et qui est toujours attendu, est plutôt une prise de conscience et une responsabilisation de la part de l’ALQ : une reconnaissance des violences qui ont été causées par cette situation et de la nécessité d’entreprendre des actions réparatrices afin de rétablir le lien de confiance ainsi qu’un engagement sérieux à faire mieux à l’avenir.
Nous souhaitons aussi exprimer notre vive solidarité envers les librairies indépendantes qui souffrent des appels au boycottage mal avisés, puisqu’elles n’ont pas été impliquées dans ces décisions de l’ALQ.
Nous tenons à remercier les personnes qui nous ont signalé leur appui à cette lettre, mais qui ont préféré ne pas la signer pour leur sécurité et à cause des violences qui y sont justement discutées.
Nous, les signataires de cette lettre, ne constituons pas un bloc monolithique. Nous n’avons pas tous été affectés de la même façon par la situation ni tous vécu les mêmes répercussions et violences pour avoir critiqué publiquement l’ALQ. Nos opinions peuvent diverger quant à ce que l’ALQ aurait dû faire, mais nous nous opposons tous fortement à la banalisation du racisme qui a cours dans le milieu littéraire et, plus largement, dans la société, qu’il soit véhiculé dans les livres ou ailleurs.
Il ne s’agit pas ici d’un débat d’idées abstraites : nous savons pertinemment que ces discours mènent à des violences réelles contre des membres de nos communautés et, devant une prise à la légère de cette violence, nous nous insurgeons.
*Les signataires :
Suzanne Zaccour, autrice
Lora Zepam, autrice
Sarah Walou, autrice, doctorante en études littéraires
Matthieu Vanier
Aimée Verret, poète et autrice jeunesse
Justina Uribe, autrice
Anne-Sophie Trottier, ex-libraire
Lisa Tronca, travailleuse culturelle
Anne-Marie Trépanier, artiste, éditrice, étudiante à la maîtrise en études de médias
Joanie Tremblay, lectrice
Alexandra Travers, libraire
Cédric Trahan
Orane Thibaud, poète, libraire
Olivia Tapiero, écrivaine, traductrice (a participé à #lireenchoeur)
Aglaë de la Taïga, autrice et illustratrice
Marilyn Surprenant, lectrice
Karolann St-Amand, autrice, doctorante en études littéraires
Florencia Sosa Rey, artiste, travailleuse culturelle
Romy Snauwaert, éditrice
Robin Simpson, travailleur culturel
Bénédicte Simard, lectrice
Alessia Signorino, artiste multidisciplinaire
Vjosana Shkurti, vidéaste
Caroline Scott, libraire
Miriam Sbih
Chloé Savoie-Bernard, écrivaine, chargée de cours, docteure en études littéraires (a participé à #lireenchoeur)
Virginie Savard
Alex Saulnier, libraire
Violaine Saint-Cyr
Rebecca Rustin, poète et traductrice
Stéphanie Roussel, écrivaine et membre du comité de rédaction d’Estuaire
Karine Rosso, chargée de cours, autrice et libraire
Renato Rodriguez-Lefebvre, étudiant au doctorat en littérature comparée
Camille Robert, autrice (a participé à #lireenchoeur)
Valérie Roch-Lefebvre, écrivaine
Sébastien Riquier
Mathieu Renaud, poète, auteur dramatique et artiste pluridisciplinaire
Alexandre Rainville, poète et chercheureuse en littérature
Noémie Pomerleau-Cloutier, formatrice en alphabétisation populaire et poète
Alexis Poirier-Saumure, candidat au doctorat en communication et chargé de cours
Si Poirier, écrivain•e
Alexandre Piral, auteur et travailleur culturel
Maude Pilon, écrivaine, artiste
Alain Pérusse, lecteur
Azucena Pelland, poète
Stanley Péan, écrivain, journaliste et animateur de radio
Nina Pariser
Amélie Panneton, autrice
Mathieu P. Lapierre
Sarah-Jane Ouellet, autrice
Paola Ouedraogo, doctorante en études littéraires
Maria Inès Olavarria Perez, lectrice, doctorante à mes heures, chercheuse
Alex Noël, doctorant en études littéraires
Mélodie Nelson, autrice
Roxane Nadeau, poète, critique littéraire
Charlotte Moffet, autrice, conseillère dramaturgique
Alice Michaud-Lapointe, autrice, doctorante en études cinématographiques
Éléonore Meunier
Mitch Metellus, lecteur
Émeline Merlet
Eve Méquignon
Jérôme Melançon, poète et chercheur
Rachel McCrum, poete et animatrice
Audréanne Martin
Luba Markovskaia, traductrice et docteure en littérature
Bianca Marcelin, étudiante en études littéraires
Mariève Maréchale, écrivain-e, chercheur-se en littératures et chargé-e e cours
Sanna Mansouri, autrice
Alex Manley
Halima Malek, étudiante en littératures
Sonya Malaborza, traductrice et autrice
François Lorenzetti, professeur agrégé, Université du Québec en Outaouais
Caroline Loranger
Ben Libman, écrivain
Baron Marc-André Lévesque, poète (a participé à #lireenchoeur)
Justine Lévesque, psychologue
Susie Lévesque
Julie Levasseur, candidate à la maîtrise en littérature
Ariane Lessard, autrice
Jonathan Lemire, étudiant à la maîtrise en études littéraires, libraire et poète
Marie-Christine Lemieux-Couture, autrice
Michel Lemelin, auteurice
Marilou LeBel Dupuis, libraire et étudiante en études littéraires
Gabrielle-Léa Tétrault, étudiante à la maîtrise en communication
Marc-André Lavoie, poète et essayiste
Vincent Laurin
Catherine Anne Laranjo, autrice et langagière
Alexis Lapointe, auteur et journaliste indépendant
Elise Anne LaPlante, travailleuse culturelle
Pierre-Luc Landry
Clara Lamy, autrice et éditrice
Rachel Lamoureux, poète, aide-bibliothécaire
Martine Lamontagne, libraire retraitée
Kevin Lambert, auteur
Sébastien Lamarre, écrivain et psychanalyste
Kama La Mackerel, auteur·ice et traducteur·ice littéraire
Ayavi Lake, auteure
Zishad Lak
Laurence Lainesse
Maude Lafleur, auteurice et chargé.e de cours
Michel Lacroix
Marjorie Laclotte-Shehyn
Gabriel Kunst, poète
Prakash Krishnan, candidat à la maîrise en études médiatiques
Nathan Kelly
Madioula Kébé-Kamara, autrice et directrice générale
Natasha Kanapé Fontaine, poète, autrice, actrice et artiste multidisciplinaire
Joyce Joumaa
Karine Jean-François
Coralie Jean, doctorante
Maude Jarry, autrice
Mélanie Jannard, autrice
Elmi Jamap-Pelletier
Benjamin J. Allard, Artiste et travailleur culturel
Natalia Hero, autrice, traductrice
Symon Henry, auteurice et artiste transdisciplinaire
Laure Henri-Garand
Sébastien Hébert
Marc-Olivier Hamelin, enseignant et artiste visuel
Mimi Haddam, autrice et étudiante
Érika Hagen-Veilleux, poète, artiste multi
Julien Guy-Béland, autaire
Maya Guy, poétesse
Stéphanie Guité, maîtrisante en littératures
Jonathan Girard, maîtrise en théâtre
Vanessa Giguère
Toby Germain, libraire, bibliothécaire, diffuseur
Marie-Claude Garneau
Sandrine Galand, autrice, professeure de littérature, docteure en études littéraires
Sarah Gauthier
Huguette Gagnon
Laurence Gagné, écrivaine
Clémence Gachot-Coniglio
Lara Harwood-Ventura, doctorante en études italiennes
Émile Foucher
Linda Forgues, correctrice
Cato Fortin, autrice
Jean-Michel Fortier, auteur
Marie-Julie Flagothier, éditrice
Emanuella Feix, autrice et étudiante à la maîtrise
Lella Fei
Marilyn Farley
Sandrine Farina
Julia Eilers Smith, conservatrice, travailleuse culturelle
Félix Durand
Catherine Dupuis, autrice, éditrice et étudiante à la maîtrise en études culturelles et littéraires
Stéphanie Dufresne, libraire
Alycia Dufour, autrice
Mélodie Drouin, poète, candidate à la maîtrise en études littéraires
Laura Doyle Péan, poète, artiste multidisciplinaire, libraire
Roxane Desjardins, écrivaine et éditrice
Emmanuel Deraps, poète
Arianne Des Rochers, traductrice littéraire, professeure, et doctorante en littérature
Sophie Desjardins
Jean-Marc Desgent, écrivain
Martine Delvaux, auteure (a participé à #lireenchoeur)
Shelbie Deblois, éditrice
Nicholas Dawson, écrivain, doctorant, directeur littéraire (a participé à #lirenchoeur à deux reprises)
Marie Darsigny, autrice
Véronique Cyr
Myriam Coté, autrice et étudiante à la maîtrise en philosophie
Catherine Cormier-Larose, poète, critique, travailleuse culturelle (a participé à #lireenchoeur)
Pascale Cormier, écrivaine
Valentin Chevrier
Antoine Charbonneau-Demers, écrivain
Lauriane Charbonneau, auteure
Jenny Cartwright, documentariste
Ariane Caron-Lacoste, éditrice
Lula Carballo, autrice (a participé à #lireenchoeur deux jours après le passage du premier ministre)
Lorena Carballo
Emilie Sarah Caravecchia, professeure de littérature et doctorante en littérature comparée
Alexandra Campeau
Michel Camiré, musicien, lecteur
Geneviève C. Ferron
Hélène Bughin, poète
Simon Brown, poète, traducteur, travailleur culturel
Gabrielle Boulianne-Tremblay, comédienne, autrice, poète (a participé à #lireenchoeur)
Vincent Bonin, travailleur culturel
Julien-Pier Boisvert, auteur
Isabelle Boisclair
Fanny Blanchet
Rémi Belliveau
Pascale Bérubé, autrice, poète
David Berthiaume-Lachance, artiste, éditeur et libraire
Juliette Bernatchez
Marjorie Benny, étudiante en études littéraires et poète
Manel Benchabane
Jennifer Bélanger, autrice et doctorante en études littéraires
Katia Belkhodja
Victor Bégin, poète
Sophie Bédard, autrice
Laurie Bédard, poète, critique
Loïc Beauregard-Lefebvre, étudiant
Zéa Beaulieu-April, poète, critique et enseignante
Étienne Beaulieu, écrivain, éditeur
Nathalie Batraville, professeure en études féministes, docteure en études littéraires
Rosalie Asselin, adjointe à l’édition, diplômée en études littéraires
Rachel Arsenault, éditrice, traductrice et travailleuse culturelle
Sayaka Araniva-Yanez
Anne Archet, écrivaine
Pascale André, libraire et autrice
Élise Achille, étudiante à la maîtrise
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Sylvain Rivest - Inscrit 4 décembre 2020 02 h 02
Encore de l’enflure verbale
C’est à croire que monsieur Legault aurait proposé, comme lecture, Mein Kampf. Vous démarrer votre plaidoyer par un sophisme duquel vous associez Mathieu Bock-Côté au racisme gratuitement et du même coup accusez subtilement le premier ministre de supremaciste. Vous trébuchez dans un débat où se confond le supremacisme, les préjugés, le racisme ethnique et un système discriminatoire tout confondu. Où est votre objectivité? J’ai l’impression d'avoir lu une lettre de militants et non d’acteur du monde littéraire.
Marc Therrien - Abonné 4 décembre 2020 17 h 09
Peut-on vraiment se surprendre que certains littéraires « sensibles » aient le réflexe de combattre la banalisation par la dramatisation?
Marc Therrien
Jacques-André Lambert - Abonné 4 décembre 2020 05 h 07
Vous postulez que la lecture des "mauvais" livres est source de violence. Devrais-je dorénavant porter une veste pare-balle quand je vais à la bibliothèque? Les librairies devraient-elles être placées sous surveillance?
« Le grand public aura accès à une foule d’activités, de lectures et de suggestions littéraires livrées par des écrivain.e.s [sic], des personnalités publiques et des libraires. »
C’est ce qu’on pouvait lire sur le site #lireenchoeur: la librairie s’invite à domicile, le 20 mars dernier.
À moins que monsieur Legault n’ait été banni du Who’s Who des personnalités publiques québécoises, sa contribution cadre tout à fait avec l’annonce de l’ALQ.
Dany Laferrière (haïtien), Michel Jean (innu), Marie Laberge, Arlette Cousture, David Goudreault, Marie-Christine Chartier, Denise Bombardier, Mathieu Bock-Côté, Sophie Fauché et Romain Gary (français).
Cinq femmes, cinq hommes dont deux représentants des minorités. La liste me semble équilibrée et, surtout, littéraire. Car ce n’est pas la plume de Mathieu qui vient rompre l’harmonie mais, ô horreur, l’influence délétère de sa pensée jusqu’au plus haut niveau…
Et sa manie de démonter les mécanismes de la doxa post-coloniale.
C’est pourquoi, faute de pouvoir censurer la liste de François Legault, ils l’accusent de « soutenir des idéologies » [sic]. Tandis qu’Emilie Nicolas, au Devoir, n’en a que pour des ouvrages axés sur la race.
En conclusion, les signataires parlent des "membres de nos communautés".
Est-ce que cela signifie que ces "communautés" ont leurs propres frontières et leur propre culture en marge de la société d’accueil?
Ce serait vraiment triste.
Moi aussi, je me sentirais rejeté, et dans ma propre maison.
Comme sur la rue Ste-Catherine avec les "Bonjour-Hi. Sorry".
Cyril Dionne - Abonné 4 décembre 2020 08 h 17
Les victimes éternelles
Bon, si on alignait le 8 millions de signature des Québécois qui sont tous contre la censure sous toutes ses formes, on n’aurait nul besoin de sauter une ligne entre chaque nom pour avoir un impact. Parce c’est de cela qu’il s’agit. On n’aime pas le discours, alors on essaie de faire taire les gens.
Le racisme systémique est une affirmation gratuite faite par des gens qui sont des élus autoproclamés de la vertu et de la morale bien-pensante et donneuse de leçons. Mais ils ne fournissent jamais de preuves. Pour une bonne raison. Le racisme systémique est interdit partout par les lois et par les chartes. S'il y avait des cas réels de racisme systémique en 2020, il y aurait des poursuites qui aboutiraient à des condamnations. Alors, s’il y a discrimination par rapport à l’emploi ou au logement, du profilage racial, des difficulté d’accès à des traitements médicaux, à l’eau potable et à l’électricité, de la sous-représentation dans les cursus scolaires, des inégalités économiques, une sujétion démesurée aux violences sexuelles, eh bien, on apporte des preuves et on entame des poursuites. C'est ce qu'on fait en démocratie.
Même en faisant l'hypothèse raciste, celle-ci est porteuse de la politique d'identité qui affirme sans rire que tous les hommes blancs sont des racistes à cause de leur couleur de peau même s’ils en sont inconscients. On n'entend jamais parler de poursuites massives pour racisme systémique, car le racisme systémique est tout simplement un mythe. C’est un mythe parce qu’ils sont seulement en quête de pouvoir.
C’est hallucinant ce discours. À une époque où les livres sont en train de disparaître et que les librairies ferment tour à tour, on s’acharne contre ceux qui essaient de leur faire de la publicité gratuite pour les aider. Sous le couvert de racisme systémique, on s’acharne à bloquer la lecture d’un livre parce qu’on n’aime pas les idées qu’il contient. C’est la définition même de la censure. Joseph Goebbels serait fier d'eux.
Christian Roy - Abonné 4 décembre 2020 16 h 09
@ Cher M. Dionne,
Si je peux me permettre. Vous écrivez: "On n'entend jamais parler de poursuites massives pour racisme systémique, car le racisme systémique est tout simplement un mythe. C’est un mythe parce qu’ils sont seulement en quête de pouvoir."
Effectivement, le racisme systémique est une constante. Vous le qualifiez de mythe. Je ne sais si vous l'associer à l'aspect illusoire ou à son aspect omnipotent. Je pencherais pour ce dernier. Le racisme systémique transcende l'individu, il l'englobe, le conditionnant ainsi à lire son environnement avec tel ou tel bias. Le mythe est l'eau de l'aquarium. Tout change lorsque les poissons deviennent conscient qu'ils évoluent dans un contenant aquatique et limité. On parle alors de changement de paradigme. Nulle question de culpabilité. Nulle question de sympathique partisanerie politique. Celui qui peut traduire le récit mythique domine le monde - d'abord le sien !!!
Vive la "puissance du mythe" !
Cyril Dionne - Abonné 4 décembre 2020 21 h 53
Cher M. « King »,
C'est bien beau tout ça : « Le racisme systémique transcende l'individu, il l'englobe, le conditionnant ainsi à lire son environnement avec tel ou tel bias », le tout, sur un air lyrique. Mais qu'est-ce que ça mange en hiver?
On parle ici de racisme, systémique ou non, et donc une enfreinte au Code criminel canadien tel que défini par (L.R.C. (1985), ch. C-46). Alors, où sont les preuves? Sinon, ce ne sont que des ouï-dire qui peuvent se traduire très rapidement à un discours haineux tel que défini par l’Article 319 du Code criminel encore une fois.
Si on est si sûr de soi, alors on agit. Mais qu’ils ne viennent pas se plaindre ensuite lorsque la situation aura tourné et que les accusateurs deviendront les accusés. lol
Gilbert Turp - Abonné 4 décembre 2020 08 h 52
Je ne comprends pas comment...
Des gens qui se disent écrivains - dont certains que j'estime et connais - peuvent souscrire à un procédé d'inquisition pareil.
Ou suis-je, où sommes-nous ?
Je désespère de voir des gens qui se disent écrivains et qui devraient chérir la liberté s'enfermer ainsi dans des ornières emprisonnantes. Je crois qu'ils ne se sont lucides et ne voient pas le cul-de-sac d'une position aussi liberticide.
Qu'ils se regardent en face, enfin ! Ils et elles souscrivent à de la censure, point final. Au mieux, c'est lâche et pissous. Au pire, c'est prétentieux et autoritariste.
Ça suffit !
La culture est la dernière zone de générosité et de rencontre possiblement égalitaire qui nous reste !
Paul Gagnon - Inscrit 4 décembre 2020 09 h 14
Les « anti racistes patentés » et les « racisés » racistes
nous font encore la morale.
Ne voient-ils pas qu'on ne peut pas plus les sentir que les curés et leur enfer qui nous sermonnaient du haut de leur chair?
Un toast au grand Voltaire s’impose et… un autre au visionnaire Philippe Murray