Occulter la réalité des sexes n’est pas une solution contre la discrimination

PDF Québec ne légitimise pas les actes transphobes, elle les condamne. Nous demandons le même respect de la part des défenseurs des droits des personnes transgenres, écrivent les auteurs.
Photo: Angela Weiss Agence France-Presse PDF Québec ne légitimise pas les actes transphobes, elle les condamne. Nous demandons le même respect de la part des défenseurs des droits des personnes transgenres, écrivent les auteurs.

Nous tenons à réagir aux propos mensongers tenus par Antoine Beaudoin Gentes à l’endroit de Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec) dans une lettre d’opinion parue le 25 juin.

Sans se donner la peine de citer les propos qui nous seraient reprochés, et en faisant l’amalgame entre deux lettres qui n’ont rien à voir (un article de l’écrivaine Nassira Belloula paru il y a quelques jours dans Le Devoir et une lettre de PDF Québec parue il y a quelques semaines dans La Presse), Beaudoin Gentes sous-entend que nous aurions des « discours violents », relevant d’« attaques médiatiques coordonnées », qui contribueraient à « détériorer la santé mentale des jeunes trans et non-binaires » et qui nuiraient grandement à « l’épanouissement de l’ensemble des enfants ».

De telles accusations graves et dénuées de fondement sont inacceptables. Il est bon, tout d’abord, de préciser qu’il n’est aucunement question des enfants dans les deux lettres en question : la lettre de PDF Québec rappelle l’importance de l’ADS (analyse différenciée selon les sexes) pour atteindre l’égalité des femmes, alors que la lettre de Belloula vient en soutien à l’écrivaine J. K. Rowling, victime d’une terrible campagne de dénigrement pour avoir dit que seules les femmes ont des menstruations. Quels seraient donc les propos dans ces deux lettres qui auraient des « impacts ravageurs » sur les enfants, comme le laisse entendre M. Beaudoin Gentes ? Est-ce de dire que les règles sont un élément lié à la biologie des femmes ? Ou bien de rappeler la définition du mot femme : « Être humain de sexe féminin » ?

Instrumentaliser les enfants

 

Il est stupéfiant que l’auteur nous accuse de nuire aux enfants, alors qu’il n’en est absolument pas question dans les articles visés. Cette instrumentalisation des enfants afin d’atteindre à la réputation des féministes nous inquiète grandement. S’il devient impossible de rappeler l’évidence sur la biologie des hommes et des femmes, qu’allons-nous exactement enseigner à nos enfants dans les cours d’éducation à la sexualité et de biologie ? Et quels messages leur transmet au juste M. Beaudoin Gentes, intervenant à l’organisme Enfants transgenres Canada ?

Les enfants qui souffrent d’une inadéquation avec leur sexe vivent une grande souffrance et doivent bénéficier d’une approche qui est la plus appropriée à la réalité de chacun d’entre eux. Il n’y a pas de consensus dans le corps médical pour déterminer la meilleure approche thérapeutique. Pourtant, sur d’autres tribunes, M. Beaudoin Gentes plaide pour une transition rapide chez ces jeunes et pour la prescription des bloqueurs d’hormones. Comment expliquer cette hâte à prescrire des médicaments aux enfants, alors que très peu d’études fiables sont disponibles sur leurs effets à long terme et qu’une des conséquences les plus probables soit leur haut risque de stérilité ? Le gouvernement du Royaume-Uni vient d’ailleurs d’annoncer l’interdiction des thérapies invasives sur les enfants de moins de 18 ans après avoir commandé une enquête indépendante sur le sujet. Ignorer tout principe de précaution, n’est-ce pas cela qui risque d’avoir des conséquences désastreuses sur nos enfants ?

Lutter contre toutes les formes de discrimination

 

Contrairement à ce que prétend M. Beaudoin Gentes, PDF Québec appuie les lois qui permettent de lutter contre les discriminations. Le ressenti des personnes transgenres doit être respecté, et leurs droits doivent être protégés. Mais engager toute la société à occulter la réalité des sexes ne peut pas constituer une solution contre la discrimination.

Les notions d’identité de genre et d’expression de genre sont entrées dans la Charte canadienne comme motif illicite de discrimination, mais ces notions n’ont pas remplacé le sexe biologique, qui est à la base des droits des femmes dans les chartes et conventions internationales. Or, si tout le monde peut se réclamer appartenir à un sexe ou à l’autre, la catégorie « sexe » n’a plus d’existence valide. Comment, dans ces conditions, les femmes pourront-elles encore faire reconnaître leurs droits ?

Prétendre que le seul fait d’affirmer que le sexe existe constitue un « discours violent » tient de la malhonnêteté intellectuelle. Il n’est ni « transphobe » ni violent de défendre les besoins et les particularités des femmes, et nous continuerons de le faire. PDF Québec ne légitimise pas les actes transphobes, elle les condamne. Nous demandons le même respect de la part des défenseurs des droits des personnes transgenres.

En terminant, nous aimerions rectifier la chose suivante. Contrairement à ce qu’avance M. Beaudoin Gentes, PDF Québec ne reçoit pas de subvention du ministère de la Justice. L’organisme reçoit une subvention du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, tout comme la Fédération des femmes du Québec. Nous remarquons toutefois qu’Enfants transgenres Canada a omis de mentionner la provenance de ses propres subventions.

Si M. Beaudoin Gentes veut nous contacter, il devra d’abord s’excuser pour ses propos mensongers.

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