Je rends hommage à ces élus que le gouvernement du Québec méprise

Catherine Harel Bourdon, présidente du Mouvement pour une école moderne et ouverte (MÉMO)
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Catherine Harel Bourdon, présidente du Mouvement pour une école moderne et ouverte (MÉMO)

À tous les élèves, parents, membres du personnel et partenaires de la Commission scolaire de Montréal. Dans la nuit du 8 février, le gouvernement du Québec adoptait sous bâillon la fin de la démocratie scolaire au sein de nos établissements scolaires publics. Comme ex-présidente de la CSDM, je tenais à partager avec vous nom profond respect envers les personnes qui forment notre institution. 

Durant mes 17 ans d’engagement, au départ comme commissaire scolaire de Mercier-Est durant dix ans et comme présidente depuis sept ans, j’ai eu la chance de vivre avec vous une panoplie de moments heureux et malheureux. Permettez-moi de revenir sur certains d’entre eux afin de nous projeter vers l’avenir. 

D’abord le quartier Mercier-Est qui m’a élue pour la toute première fois alors que j’étais une jeune mère de famille et que mon plus vieux (aujourd’hui à l’université) débutait sa première année primaire. Ce même quartier qui a choisi d’élire un député de la CAQ en 2018. Je tiens à souligner les changements exceptionnels de ce secteur qui, rappelons-le, était en forte décroissance en 2003-2004 et qui aujourd’hui vit un développement immobilier et une forte croissance de l’immigration alors que deux écoles seront en construction cette année.

Mercier-Est, soyez persévérant! Ne lâchez pas le morceau auprès de votre député pour l’agrandissement de l’école Saint-Justin, l’ouverture d’un troisième lieu de scolarisation secondaire et la construction de l’école Irénée-Lussier pour les élèves à besoins particuliers. De toutes mes expériences dans le quartier, deux moments me marquent profondément: la carte de remerciement des enfants d’une école qui venaient de vivre pour la première fois, ne sortant jamais de la ville, une classe-verte à la campagne avec feu de camp; puis l’infanticide d’un papa du secteur alors que l’équipe et les directions de toutes les écoles du quartier se sont mobilisées par solidarité pour la communauté scolaire qui vivait cette immense épreuve.

Évidemment, je pourrais vous parler de la menace de tutelle au début de notre mandat, des compressions budgétaires et des manifestations houleuses de nos partenaires syndicaux devant nos Conseils des commissaires, ou encore certaines de nos courageuses résolutions comme celle sur la laïcité l’an dernier. Mais ce sont des moments méga-médiatisés qui ne témoignent pas toujours du coeur de la mission quotidienne de ces femmes et de ces hommes qui portent un engagement envers les familles montréalaises. 

Aux enseignants qui alimentent la flamme du savoir dans les yeux des élèves, aux secrétaires qui soignent les bobos aux genoux et gardent un contact humain avec les parents, aux concierges qui se font un devoir de tenir leur école la plus propre au monde et aux directions qui sont les chefs d’orchestre de ces centaines de ruches, qui permettent aux élèves d’apprendre, de s’ouvrir au monde et de vivre ensemble, je suis reconnaissante de votre engagement. 

Oui, la CSDM c’est spécial, étant donné le nombre d’humains avec leurs forces et leurs défis qui évoluent chez nous. C’est une communauté riche de ses expériences et de sa diversité, du Centre-Sud à Cartierville, en passant par Saint-Michel et jusqu’à Côte-des-Neiges. Et non, les familles montréalaises ne seront pas mieux défendues sans la vision humaine d’un élu local qui a pour engagement la participation citoyenne de ses commettants.

Je rends donc un hommage à ces élus que le gouvernement du Québec méprise et qu’il traite en parias. Merci pour toutes ces heures au téléphone avec des parents. Merci pour ces contacts avec les partenaires pour les habits de neige ou ces paniers de Noël pour des familles défavorisées. Merci pour les Bagel-O-thon des fondations et des organismes communautaires, ainsi que pour tous les beaux projets de concertation locale. 

Enfin, monsieur le directeur général et vous tous, personnel des services, lorsque vous serez bien seuls face au gouvernement, n’hésitez pas à puiser dans nos souvenirs d’assemblées houleuses, de spectacles extraordinaires ou de rencontres porteuses pour trouver la force et le courage de défendre la plus ancienne institution publique d’éducation.

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