Des pistes pour combler les besoins de main-d’oeuvre en région

Ce texte veut répondre au texte « Perspectives démographiques et dynamiques territoriales » publié le 25 juillet.
La sortie de l’édition 2019 des Perspectives démographiques du Québec et des régions, 2016-2066 de l’Institut de la statistique du Québec, le 11 juillet, a eu le grand mérite de renforcer les discussions sur la question du vieillissement démographique au Québec, avec ses conséquences sur la disponibilité de main-d’oeuvre et aussi sur la question de la vitalité des régions.
Beaucoup d’amalgames peuvent encore être faits aujourd’hui, dont celui d’attribuer au Conseil du patronat du Québec (CPQ) une proposition de « déménager les familles des municipalités dévitalisées vers les régions où il y a de l’emploi, sous-entendant Montréal et Québec ». Laissons de côté cette question pour le moment puisque nous avons eu l’occasion de nous exprimer amplement sur le sujet en 2015 et de préciser notre pensée en répétant que « les pouvoirs publics et les parties prenantes doivent travailler ensemble à la mise en place de solutions durables. Le niveau de vie et la qualité de vie des citoyens, peu importe la localité ou la communauté, dépendent de l’activité économique ». Le CPQ a toujours été clair quant à l’importance de mettre en priorité l’action gouvernementale, et ce, de façon concertée, en fonction de l’impact sur la création d’emplois économiquement viables, sur l’employabilité en région et sur l’acquisition de nouvelles compétences pour occuper ces emplois. Il est donc nécessaire d’avoir une approche globale et cohérente qui prend en compte l’aménagement du territoire et les enjeux socioéconomiques et environnementaux partout dans la province. Ces propositions, que nous avons déjà formulées, demeurent toujours pertinentes, à côté d’autres rendues nécessaires par les nouvelles réalités.
Grands besoins
Grand nombre d’employeurs, dans différentes régions du Québec, font face à des besoins de main-d’oeuvre sans précédent. Le Québec connaît une situation inédite de plein emploi, situation complètement différente d’il y a 5 ans où les gouvernements accumulaient les déficits et où le marché du travail n’arrivait pas à absorber le surplus de travailleuses et de travailleurs. Cette situation a des répercussions considérables sur notre prospérité économique. La vigueur du marché du travail est en hausse depuis 2016, caractérisée par le plus faible taux de chômage (autour de 5 %) depuis que les statistiques sont compilées. Il y a actuellement 118 000 postes à pourvoir dans l’ensemble du Québec. Il est à noter que le taux de postes vacants à Montréal est légèrement inférieur à la moyenne du Québec.
Selon la Banque de développement du Canada, près de 40 % des petites et moyennes entreprises canadiennes peinent déjà à embaucher de nouveaux employés, et la situation ne fait qu’empirer. Cette situation a comme conséquence de suspendre des projets d’investissements, de les reporter à plus tard, de les réaliser ailleurs et de provoquer un ralentissement des ventes sans compter l’impact sur les perspectives de croissance économique du Québec en général.
La question est donc de savoir comment faire pour que les employeurs en région puissent combler leurs besoins en main-d’oeuvre. La réponse est évidemment multiple.
Plusieurs réponses
La préoccupation grandissante des questions environnementales, auxquelles s’intéresse le CPQ, et particulièrement les problèmes engendrés par la question de la mobilité à Montréal et à Québec, incite à repenser notre croissance économique en matière de révolution numérique, de télétravail, à la quête d’une meilleure qualité de vie qui motive la nouvelle génération et qui rend les régions plus attractives, notamment pour les jeunes familles. Le déploiement des infrastructures numériques en région joue un rôle essentiel. Différents organismes, dont le CPQ, ont développé différents services pour aider les employeurs à répondre à leurs besoins en main-d’oeuvre. C’est d’ailleurs en région, dans le Centre-du-Québec, que le CPQ a lancé un service RH le 8 juillet aux côtés du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, M. Jean Boulet, et de partenaires du Centre-du-Québec.
Parmi les autres pistes : le renforcement de la formation et du développement des compétences, l’intégration de certaines clientèles sous-représentées comme les personnes avec des limitations fonctionnelles ou les personnes autochtones ; l’incitation au prolongement de la vie active des travailleurs.
Évidemment, un autre levier important consiste à miser sur l’immigration pour donner un coup de pouce aux régions qui souffrent du vieillissement de leur population et leur insuffler un dynamisme nouveau.