Un bilan positif qui positionne bien l’éolien pour le futur

Contrairement à ce que prétend Robert Dutrisac dans son éditorial publié le 29 avril, les Québécois n’écopent pas des bouleversements observés dans le secteur énergétique, bien au contraire. Une remise en contexte s’impose afin de réaliser à quel point le développement de l’éolien positionne avantageusement le Québec pour tirer profit des défis de la transition énergétique mondiale.
L’industrie éolienne du Québec est née dans un contexte de déficit énergétique et par la volonté de diversifier les approvisionnements en électricité, tout en favorisant un développement local et régional. Aujourd’hui, des dizaines de collectivités profitent des retombées de l’énergie éolienne, tant par les revenus générés pour les communautés d’accueil que par la création d’une grappe industrielle et d’expertise, qui profite autant à la Gaspésie qu’à la métropole.
Sur le plan énergétique, on continue d’associer sans discernement l’éolien aux surplus d’Hydro-Québec. Pourtant, pendant que le Québec mettait en service quelque 4000 MW d’énergie éolienne qui produisent environ 11 TWh annuellement, ce sont 5000 MW de nouveaux ouvrages hydroélectriques qui ont été construits et qui produisent, eux, environ 25 TWh.
Mais au fait, ces surplus, que représentent-ils exactement ? Qu’ont-ils à voir avec ces déversements que l’on rapporte mais dont les chiffres ne sont pas soumis à un quelconque examen ? Le président-directeur général d’Hydro-Québec, Éric Martel, disait en commission parlementaire il y a deux semaines que ces surplus constituent l’énergie disponible pour la signature de contrats à long terme sur les marchés d’exportation. Mais en attendant, cette électricité serait quand même vendue. À un prix moyen de 0,06 $/kWh.
Quant aux coûts, la rigueur impose que ceux des projets éoliens soient comparés à ceux des projets mis en service à la même période, peu importe la filière. Et sur ce plan, l’éolien n’a pas à rougir, d’autant plus que ses coûts continuent de diminuer. Si bien que l’éolien est l’option la plus abordable qui s’offre aux Québécois pour de futurs approvisionnements, comme le démontrent les plus récents contrats éoliens en Alberta et en Saskatchewan, octroyés pour des coûts inférieurs à 0,04 $/kWh.
Et même si le bilan est beaucoup plus positif que ne le présentent certains, ce qui importe encore davantage, c’est de tirer profit de nos acquis pour faire bénéficier le Québec de sa transition énergétique et de celle de ses voisins.
Cela voudra dire adapter le réseau d’électricité québécois à une nouvelle réalité dans laquelle l’électrification des transports et des modes de production s’accélère ; les collectivités veulent être parties prenantes du développement énergétique ; les besoins des consommateurs évoluent ; la production décentralisée prend de plus en plus d’importance ; la gestion de la puissance et des pics de demande devient centrale ; et où la construction de vastes projets de transport d’électricité est de plus en plus coûteuse, longue, complexe et difficile à accepter.
Dans ce contexte, le Québec est très bien positionné pour tirer parti de ses acquis : un réseau robuste qui s’appuie sur l’hydroélectricité, complémenté par une industrie éolienne forte dont l’expertise se transpose dans les nouvelles avenues que sont le solaire et le stockage.
Ce défi est emballant. Mais il nous imposera de réfléchir aux occasions de 2020 avec un état d’esprit qui permettra de proposer d’autres solutions que celles des années 1960.
La réplique de Robert Dutrisac
Vous écrivez que l’industrie éolienne est née dans un contexte de déficit énergétique. Pour être plus juste, il vous faudrait reconnaître qu’il s’agissait d’un déficit énergétique appréhendé qui ne s’est pas matérialisé.
Les coûts de cette filière, jugés à l’époque plus élevés que ceux des autres projets envisagés par Hydro-Québec, ont été entièrement refilés à Hydro-Québec Distribution (HQD), c’est-à-dire aux consommateurs québécois, plutôt qu’à Hydro-Québec Production (HQP), qui, elle, peut compter sur les marchés d’exportation pour écouler ses surplus. HQD a payé et paie encore pour des quantités d’énergie dont elle n’a pas besoin.
Il se peut fort bien qu’à l’avenir, la filière éolienne s’avère plus abordable que la construction de nouveaux barrages. Encore là, les consommateurs québécois n’ont pas besoin de TWh supplémentaires et si l’énergie éolienne est destinée à l’exportation, c’est donc HQP qui devrait, en toute justice, en assumer les frais.