Que comptez-vous faire pour l'environnement, Monsieur le Ministre?

«Comme beaucoup d’autres jeunes de notre âge, nous voudrions donc que vous agissiez le plus efficacement et le plus rapidement possible», pressent les auteurs qui demandent une rencontre avec le ministre Benoit Charette.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir «Comme beaucoup d’autres jeunes de notre âge, nous voudrions donc que vous agissiez le plus efficacement et le plus rapidement possible», pressent les auteurs qui demandent une rencontre avec le ministre Benoit Charette.

Monsieur le Ministre Benoit Charette,

Nous sommes 19 jeunes qui ont pour mission de mener des projets de lutte aux changements climatiques dans nos régions respectives afin de sensibiliser et mobiliser notre génération. Ensemble, nous formons le Conseil national des jeunes ministres de l’Environnement. Nous avons été élu(e)s par nos pairs lors du Sommet jeunesse sur les changements climatiques 2018, organisé par la Fondation Monique-Fitz-Back, qui réunissait 115 jeunes de 15 régions administratives du Québec. Au nom du Conseil, nous vous soumettons aujourd’hui quelques idées et préoccupations représentatives de la jeunesse pour vous accompagner dans la lutte contre les changements climatiques.

Vous êtes probablement au courant du rapport fort inquiétant publié dernièrement par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat concernant l’urgence d’agir face aux changements climatiques. Le Groupe a déclaré dans ce rapport que « si on veut limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C, il faudrait modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société ». Depuis, plusieurs initiatives se sont organisées au Québec, dont une manifestation majeure le 10 novembre à Montréal qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes. Porté par 500 personnalités connues du Québec et signé par plus de 260 000 personnes, le Pacte de la transition a également précédé ces nombreuses actions. De plus en plus, dans les écoles québécoises, les jeunes travaillent avec ardeur pour réaliser des projets pour s’éduquer et lutter contre les changements climatiques.

L’environnement est une réalité qui nous concerne toutes et tous, aujourd’hui et demain. Le 10 novembre dernier, admirablement, votre devancière a proclamé : « On marche pour la planète tous ensemble. On voit que la réponse est importante, ça ouvre une grande porte. Aujourd’hui, nous marchons et nous agissons, c’est la démonstration de notre engagement. » Bien que ce commentaire ait apaisé la foule, il a aussi fait remonter certaines de nos préoccupations à la surface. Effectivement, nous éprouvons une certaine difficulté à apercevoir la « grande porte » qui s’est ouverte lors de cette manifestation. Nous doutons malgré nous d’un engagement sincère face aux changements climatiques par votre parti. Rappelons que la question de l’environnement a fait preuve d’une absence remarquée dans votre dernière plateforme électorale. Nous constatons certaines incongruités entre les plans du gouvernement et votre devoir en tant que ministre de l’Environnement.

Dans le « Bilan mi-parcours du Plan d’action sur les changements climatiques 2013-2020 », publié en mars 2018 par votre ministère, les experts mettent l’accent sur « l’urgence d’agir » dans le secteur des transports. Au Québec, 42 % des émissions de GES proviennent des voitures et des camions de marchandises. Dans les trois dernières décennies, ces chiffres n’ont cessé d’augmenter, ce qui fait du transport le point central sans équivoque des émissions de notre province. Or, votre parti propose l’élargissement des autoroutes dans la région montréalaise, soutient la construction d’un troisième lien entre Québec et Lévis et a exprimé des doutes quant à la nécessité de construire une nouvelle ligne de métro à Montréal. Nous aimerions avoir plus d’éclaircissement par rapport à ces positions !

Un autre enjeu nous tenant énormément à coeur est la surutilisation du plastique à usage unique, comme les sacs, les pailles, les ustensiles, etc. Selon le Forum économique mondial de Davos, il y aura plus de plastique que de poissons dans nos océans d’ici 2050… Il est sans contredit indispensable de prendre des mesures concrètes pour réduire radicalement notre consommation de cette matière excessivement polluante. Quelques villes telles que Montréal, Repentigny et Brossard ont déjà interdit la vente de sacs de plastique, et nous croyons fermement que cette mesure devrait être adoptée à l’échelle provinciale. En sachant qu’un seul sac prend plus de quatre siècles à se décomposer, il y a urgence d’agir !

Vous avez exprimé à plusieurs reprises votre désir de changer les choses. Nous le voulons tous ! Cela dit, nous, jeunes ministres de l’Environnement, sommes inquiets pour notre avenir et celui de notre société. Comme beaucoup d’autres jeunes de notre âge, nous voudrions donc que vous agissiez le plus efficacement et le plus rapidement possible. Nous vous demandons alors : que comptez-vous réellement faire pour lutter contre les changements climatiques ? Nous aimerions vous rencontrer pour partager avec vous notre vision d’avenir.

*Le Conseil national des jeunes ministres de l’Environnement

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