Peu d’engagements pour lutter contre l’analphabétisme

À l’occasion de la campagne électorale au Québec, le Réseau de lutte à l’analphabétisme constate à regret que les différents partis politiques demeurent timides, voire muets, sur leurs engagements à l’égard de la lutte contre l’analphabétisme.
La campagne électorale bat son plein. Depuis le début de celle-ci, l’éducation figure parmi les engagements des partis, surtout l’éducation des jeunes et la formation qualifiante. Or, dans nos sociétés fortement basées sur les connaissances et les compétences, les défis et les enjeux en éducation concernent aussi l’éducation des adultes et ne se limitent pas à la formation de la main-d’oeuvre. Ce silence est d’autant plus inquiétant que les besoins sont grands. C’est plus particulièrement le cas en matière d’alphabétisation.
Il est important de rappeler que plus d’un million d’adultes de 16 à 65 ans, soit environ un adulte sur cinq, ont de grandes difficultés en lecture et que les statistiques sur la littératie des adultes québécois, soit leurs compétences liées à la compréhension et à l’utilisation de l’écrit, ne se sont pas améliorées depuis dix ans. Cela s’ajoute aux coûts individuels, sociaux et économiques pour l’ensemble de la société et, plus particulièrement, pour nos concitoyennes et concitoyens visés. Il a d’ailleurs été maintes fois démontré que le problème de l’analphabétisme a un impact direct sur l’exercice des droits des personnes peu ou pas alphabétisées et sur leur accès aux services, dont les services de santé.
Outre le fait qu’un seul des quatre principaux partis s’est engagé à ouvrir un grand chantier sur la question, nous ne connaissons pas les intentions précises des différentes formations politiques. Notre Réseau invite donc tous les partis politiques à préciser leurs engagements en matière d’alphabétisation des jeunes et des adultes, certes, mais surtout à faire connaître leur intention de lutter contre l’analphabétisme et de dépasser les solutions qui ne s’attaquent qu’à la seule dimension éducative du problème.
Il est impératif que le prochain gouvernement interpelle l’ensemble des acteurs de la société dans une vaste réflexion qui, à terme, doterait enfin le Québec d’une réelle stratégie nationale de lutte contre l’analphabétisme. Les membres de notre Réseau sont d’ailleurs déjà mobilisés et prêts à mettre leur expertise à profit ; ils n’attendent qu’une invitation ! Il est aussi fondamental que l’ensemble des ministères soit partie prenante de l’élaboration et de la mise en oeuvre de cette future stratégie.
Les vingt organisations membres du Réseau de lutte à l’analphabétisme ont colligé dans leur plateforme, rendue publique au printemps 2016, les éléments clés qui devraient se retrouver dans une stratégie nationale de lutte contre l’analphabétisme. Qu’il s’agisse d’intervenir pour l’appropriation de la lecture et de l’écriture, d’améliorer les conditions de vie et d’exercice des droits des personnes peu ou pas alphabétisées et de leur famille ou encore d’adapter les environnements écrits et technologiques à la réalité de celles-ci, la proposition de notre Réseau s’inscrit dans une perspective de justice sociale et de droit à l’éducation et à l’apprentissage tout au long de la vie. Elle vise à instaurer des mesures structurantes pour prévenir l’analphabétisme au Québec et s’attaquer à ses conséquences. Nous invitons chaque parti qui aspire à diriger la destinée du Québec à s’en inspirer. Nous serons bien sûr présents afin de poursuivre le dialogue après le 1er octobre prochain.
*Le Réseau de lutte à l’analphabétisme est composé de 20 organisations. Association québécoise des intervenantes et des intervenants à la formation générale des adultes (AQIFGA); Centrale des syndicats du Québec (CSQ); Centre de documentation sur l’éducationdes adultes et la condition féminine (CDÉACF); Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre (COCDMO); Collectif pour un Québec sans pauvreté; Collège Frontière; Confédération des syndicats nationaux (CSN); Fédération autonome de l’enseignement (FAE); Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ); Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ); Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ); Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN); Fédération québécoise des organismes communautaires Famille (FQOCF); Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA); Literacy Quebec (LQ); Mouvement québécois des adultes en formation (MQAF); Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ); Relais-femmes; Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI); Table des responsables de l’éducation des adultes et de la formation professionnelle des commissions scolaires du Québec (TRÉAQFP)