Réussir la transition énergétique de demain

Un débat a cours actuellement sur le projet éolien nord-côtier d’Apuiat. La question, formulée simplement, se résume à ceci : en avons-nous besoin ?
La nécessité
Hydro-Québec nous dit qu’elle a des surplus disponibles présentement. Cette situation cyclique a été vécue maintes fois au cours des dernières décennies et, chaque fois, ces surplus ont fondu comme neige au soleil à la suite d’une augmentation de la demande. Ce fut le cas notamment lors de la mise en service des premières centrales de la Baie-James. Rappelons-nous qu’entre 1978 et 1986, le Québec a été en mesure de réduire de 25 % la consommation de produits pétroliers grâce à l’énergie électrique rendue disponible par les surplus générés par ces centrales à l’époque. Sans cette énergie disponible, le Québec n’aurait pas pu réaliser une première phase de transition énergétique, soit réduire de façon importante ses importations de produits pétroliers et les émissions de gaz à effet de serre qui y sont associées.
Des surplus ou de l’énergie disponible ?
L’énergie verte disponible est un avantage comparatif important du Québec. Il lui permet d’attirer des entreprises et de se positionner dans la nouvelle économie. Les demandes des opérateurs de chaînes de blocs, qui se chiffrent en milliers de mégawatts, en sont un exemple. Les secteurs mondiaux de l’assurance, des banques, des bourses financières et énergétiques se tournent progressivement vers cette technologie afin de sécuriser et d’archiver leurs transactions. L’énergie verte, combinée au centre mondial d’intelligence artificielle qu’est devenue Montréal, positionne le Québec comme un endroit de prédilection où s’établir. Or voilà, nous manquons d’électricité pour répondre à leur demande… Ironique, non ? La Régie de l’énergie, en juillet dernier, reconnaissait qu’Hydro-Québec Distribution pourrait se retrouver en déficit énergétique dès 2020 (soit dans dix-huit mois) si ces projets se concrétisaient.
Des coûts environnementaux
Au lieu de faire le procès d’un projet sur la place publique, c’est tout un débat collectif que nous devons faire sur l’héritage que nous voulons laisser à nos enfants et nos petits-enfants.
Scientifiques et financiers sont unanimes : si nous n’agissons pas rapidement, les coûts des changements climatiques ne cesseront d’augmenter, au point de bouleverser notre économie. En fait, leurs impacts sont à ce point catastrophiques que l’inaction nous coûtera entre 1,4 et 2,5 fois plus que la mise en oeuvre de l’Accord de Paris. Et, si les récentes vagues de chaleur accablante sur la planète n’étaient pas suffisantes pour nous convaincre, les simulations récentes du consortium Ouranos démontrent que le Québec ne fait malheureusement pas exception. Et ce n’est qu’un début… Dans un tel contexte, ne serait-il pas temps d’utiliser l’énergie verte disponible pour climatiser nos hôpitaux et centres pour personnes âgées ?
S’il est tout à fait sain de débattre des avantages et des défauts d’un projet, nous ne devrions cependant pas oublier que le véritable enjeu demeure que nous consommons majoritairement des combustibles fossiles (55 %, selon le plan directeur de Transition énergétique Québec), ce qui plombe notre environnement et notre économie. Nous avons pris des engagements ambitieux en matière de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre ; nous devrons être tout aussi courageux dans les mesures que nous prendrons pour les atteindre. La seconde transition énergétique que nous amorçons nous amènera à remplacer 40 % de notre consommation de produits pétroliers par des énergies renouvelables et des gains en efficacité énergétique.
La campagne électorale à venir est, selon nous, le moment idéal pour discuter de ces enjeux et nous assurer que nous serons, dès le 2 octobre, à pied d’oeuvre pour transformer notre économie et notre consommation énergétique.
Les membres de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable sont fermement convaincus qu’il faut utiliser notre électricité disponible pour remplacer progressivement le pétrole que nous importons à grands frais, exploiter l’énergie éolienne pour répondre aux besoins de la nouvelle économie, valoriser notre biomasse résiduelle ou nos résidus alimentaires ou le contenu de nos poubelles pour en faire des biocombustibles, installer des panneaux solaires. Un plan clair d’utilisation de l’énergie disponible est donc indispensable.