Lettres: Un investissement pour le Québec ?
Le ministre Pierre Reid nous faisait part au moyen d'un communiqué transmis aux journaux le 26 mars dernier que son gouvernement ajoutait 60 millions pour soutenir l'arrivée de nouveaux étudiants dans les facultés de médecine des universités de Montréal et McGill.
C'était une annonce très intéressante en cette période de compressions budgétaires puisque notre gouvernement décide d'investir des sommes importantes (cependant minimes par rapport au budget total du Québec) dans la formation de médecins pour le Québec. Mais cet investissement est-il vraiment un investissement pour le Québec?Compte tenu de la rétention des diplômés en médecine au Québec pour y pratiquer leur art, il faut se demander si notre gouvernement n'investit pas plutôt dans la formation de médecins pour l'étranger puisque près de 60 % des diplômés de l'université McGill quittent le Québec pour aller pratiquer la médecine sous d'autres cieux et que 12 % des diplômés de l'Université de Montréal en font autant alors que le Québec a besoin de plus de 1000 médecins additionnels.
Ne devons-nous pas nous demander si le Québec a les moyens de former des professionnels qui se dirigeront vers l'étranger pour pratiquer la médecine? Sachant que ces personnes quitteront le Québec dès la fin de leurs études, notre gouvernement ne devrait-il pas agir en tenant compte des besoins de ses concitoyens?
Ne devrions-nous pas demander à notre gouvernement qu'il exige, dès l'inscription, que les étudiants en médecine, voire ceux inscrits dans d'autres disciplines dont le Québec a un urgent besoin de diplômés, s'engagent à pratiquer leur profession
au Québec pendant au moins cinq années, (et peut-être plus longtemps) sous peine d'avoir à rembourser les coûts totaux de leur formation?
Ne serait-ce pas là un moyen d'assurer à tous nos concitoyens que toutes nos régions pourront compter sur les médecins et les autres professionnels dont ils ont un urgent besoin puisque, en définitive, ce sont eux qui, par leurs impôts, paient les coûts liés à la formation de ces personnes?
On doit se demander en dernière analyse si nous avons le droit de priver des milliers de jeunes Québécois voulant oeuvrer au Québec du droit à la formation qu'ils aimeraient et qu'ils ont le droit de recevoir pour des professions qu'ils pratiqueraient chez eux alors que leur gouvernement investit dans la formation de personnes qui oeuvreront à l'extérieur du Québec.
Sommes-nous assez riches pour nous permettre ce genre d'investissement?