Lettres: Le doublage plus séduisant que le sous-titrage

En effet, le grand public n'aime pas les sous-titres, qui le détournent de l'essentiel, à savoir l'image, avec tout ce qu'elle renferme (le jeu multiple des comédiens, les mouvements de caméra, la palette des couleurs, les décors, etc.). Des sous-titres qui appauvrissent aussi le texte (qui n'est jamais pleinement rendu par ceux-là) et qui, pour finir, balafrent l'image.

Et, pour ne rien arranger, entendre parler joual fera fuir plusieurs Canadiens anglais, qu'ils y entendent quelque chose ou pas (on nous aime tellement dans le ROC, surtout depuis le scandale des commandites).

Une solution? Oui. Nous devrions cesser de jeter notre argent par les fenêtres en subventionnant le doublage de films étrangers qui nous sont destinés et qui sont de toute façon doublés en France, et l'investir plutôt dans le doublage de nos propres films afin de les aider à percer les marchés étrangers (comme avec La guerre des tuques). Nous ne perdons pas uniquement au box-office en ne le faisant pas, mais ailleurs aussi, comme dans l'industrie touristique (pensez aux attractifs paysages du film vus par des touristes en puissance).

Pendant que La grande séduction sera vu par une minorité de personnes au Canada anglais et partout dans le monde dans sa version sous-titrée, Hollywood va probablement entreprendre des démarches pour en faire un remake, qui sera tourné sur quelque île idyllique états-unienne, puis sera vu partout dans le monde dans sa version originale anglaise et dans ses versions doublées française, espagnole, italienne, allemande. Un remake qui fera probablement un tabac (comme bien d'autres avant lui). Pas fous les «Amaricains»!

Défendre et prôner le sous-titrage, c'est faire l'affaire des grands «dominateurs» culturels, qui, eux, savent y faire. Il faut pouvoir, dans la mesure de nos moyens, les concurrencer sur leur propre terrain.

Le sous-titrage est un pis-aller, nécessaire seulement quand le film est trop pauvre pour se payer un doublage.

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