Attention au lien de confiance avec les Montréalais

Lettre adressée à la mairesse de Montréal
Montréal pour tous a participé pour une 7e année aux travaux de la Commission des finances relativement au budget 2018. Nous implorons la mairesse et son équipe de ne pas endommager le lien de confiance.
Ces travaux ouverts au public permettent de bien entendre et comprendre les données et les arguments des hauts fonctionnaires, des élus de la majorité et de l’opposition. Après une semaine passionnante et éreintante de travail, nous ne sommes pas convaincus de l’effort spécial demandé aux contribuables, en matière de hausses de revenus ni en matière de hausses urgentes de dépenses.
Au-delà des sommes d’argent en cause et du bien-fondé de dépenses urgentes à faire, la question plus fondamentale est l’état de confiance des citoyens envers leur administration. La hausse de taxes vient contredire la promesse centrale : ne pas hausser les taxes à un niveau plus élevé que l’inflation.
Pire, l’explication non transparente est venue en rajouter : vous avez mal compris notre promesse. Une autre option de communication était possible : nous sommes une nouvelle administration, nous n’avions pas les chiffres exacts auparavant, nous nous excusons de ne pouvoir respecter notre promesse.
En l’absence d’une telle explication, une forte déception, constatée auprès de nos concitoyens, a été relevée par les médias. Ce fut une onde de choc vu le capital de sympathie et de confiance que la nouvelle mairesse avait su créer puis développer tout au long de la dernière campagne, avec le sourire.
Madame Plante, nous vous implorons de modifier votre budget afin de stopper cette onde de choc et de reprendre une bonne partie de la confiance que vous aviez su si bien gagner. Nous vous implorons de continuer le travail de retissage de confiance qui était en marche depuis la fin de l’administration du maire Gérald Tremblay et de ces années troubles de gestion municipale.
Vaincre le défaitisme et le cynisme
Notre groupe s’est mis sur pied en 2011 afin de lutter contre le défaitisme et le cynisme vifs d’un grand nombre de citoyens. Notre inquiétude était profonde, elle touchait la base de la démocratie et proposait une autre option : tout n’est pas corrompu dans le « royaume » de Montréal ; des instances existent où les citoyens peuvent exprimer leurs préoccupations et leurs propositions de changement. Notre analyse était la suivante : ce sentiment d’impuissance citoyenne face aux institutions manifeste un immense danger, celui de revenir à des politiques populistes et autoritaires, pour ne pas dire de droite !
Dès l’arrivée de l’administration du maire Coderre, nous avons échangé d’égal à égal avec lui et son administration là-dessus. Nous avions convenu qu’au-delà de nos divergences sur des questions particulières, nous devions lutter ensemble pour améliorer le lien de confiance. Il y eut beaucoup de mesures positives en ce sens : publication et discussion ouvertes de nombreuses données, mise en place du bureau de l’Inspecteur général, correctifs proposés par le Contrôleur général et le Vérificateur général, évaluation du rapport qualité-prix des services municipaux, programme avec Québec pour récupérer les sommes volées par diverses entreprises de génie civil et de construction.
Malheureusement, le maire Coderre a emprunté les chemins tortueux de la non-transparence durant la campagne dans plusieurs dossiers, tels que la course de Formule électrique et le parterre du parc Jean-Drapeau. Il l’a payé très cher, puisque bon nombre de citoyens et électeurs n’ont pas fait confiance à ses explications.
Par contre, vous avez su donner l’heure juste sur plusieurs dossiers, et la confiance a été acquise avec netteté. Nous étions encouragés, de façon non partisane, par votre intérêt et votre passion communicative pour les Montréalais et leurs affaires, ainsi que par votre volonté ferme de pousser en avant la transparence de l’administration. Nous allions dans le même sens.
Nous avons travaillé bénévolement avec ardeur pour accroître la confiance en organisant des assemblées publiques avec le président du comité exécutif, l’inspecteur général, le directeur de l’évaluation foncière où ces responsables municipaux ont présenté d’égal à égal avec les citoyens leurs orientations et leurs décisions. Nous avons constaté que le public était intéressé, nous nous sommes réjouis quand trois grands médias anglophones ont mis en place, en octobre dernier, un vrai débat public qui a suscité une participation dynamique. Nous avons pu observer en direct comment vous, Madame Plante, avez fait progresser votre lien de confiance avec des secteurs et des quartiers que votre parti touchait peu.
En révisant votre budget 2018, vous admettrez une erreur et regagnerez une confiance précieuse pour la préparation du budget 2019. Ce sera une occasion en or de présenter à l’avance le portrait d’ensemble des dépenses que vous jugez prioritaires en 2019, celui des revenus nécessaires, dont le volet des taxes foncières, puis vous en discuterez avec les citoyens, quitte à demander et à bien justifier des efforts supplémentaires.
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