Votre responsabilité, c’est de voter

Alors que la campagne électorale battait son plein dans toutes les municipalités du Québec, nous avons invité quelques observateurs de la politique municipale à nous proposer tous les samedis des réflexions autour de la participation citoyenne et de quelques grands enjeux. Cette série se termine aujourd’hui.
J'ai eu le grand privilège, dès la fin des années 1970, de plonger dans l’arène de la politique municipale, en devenant successivement conseiller puis maire de la municipalité de Pointe-au-Père, maintenant fusionnée avec Rimouski. J’y ai découvert un monde dynamique, où chaque décision prise par une administration municipale a un impact concret et mesurable sur sa population. Après un interlude dans le monde des affaires, je suis retourné en politique municipale au milieu des années 1990 comme conseiller, puis comme maire de Rimouski de 2005 à 2016, période au cours de laquelle j’ai occupé la présidence de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) entre 2010 et 2014 dans un contexte très tumultueux. En tout et pour tout, j’ai consacré près de 40 ans de ma carrière au service de ma communauté et au développement de l’Est-du-Québec.
Maintenant, en tant que sénateur indépendant, je peux me permettre de regarder avec recul la campagne électorale qui se terminera demain. Loin de moi, cependant, l’idée de jouer à la belle-mère, j’ai plutôt l’intention de partager avec vous mes impressions sur cette campagne et les défis à venir.
Nous revenons de loin. Des mesures rigoureuses ont été proposées et appliquées afin de redonner confiance aux citoyens dans leurs élus municipaux. Elles commencent, à mon avis, à porter leurs fruits.
Au crépuscule de cette campagne électorale, les thèmes qui y ont été abordés ont de loin dépassé les considérations éthiques qui avaient largement dominé la campagne électorale de 2013. Je me réjouis sincèrement que les débats entre les candidats à tous les postes à pourvoir aux quatre coins du Québec aient pu servir à vous informer sur des enjeux qui vous touchent, sur des projets qui vous sont chers et, je l’espère, sur la vision et les valeurs de celles et de ceux qui souhaitent obtenir votre confiance. Cela ne pourra que vous permettre de faire un choix plus éclairé demain.
Gouvernement de proximité
La vitalité de notre démocratie municipale est indispensable. Le projet de loi 122 consacre la municipalité comme gouvernement de proximité, et il a permis de moderniser un dialogue essentiel avec le gouvernement du Québec. Je salue la volonté de ce dernier, qui a enfin reconnu que l’ordre municipal est un acteur incontournable et central du développement local et régional. La municipalité doit disposer des pouvoirs et leviers décisionnels nécessaires afin d’assumer pleinement ces responsabilités liées à la gouvernance de proximité. Les municipalités pourront ainsi exercer le leadership qui leur revient en matière de développement et fournir les services requis à leurs citoyens.
Alors que cette campagne électorale se termine, j’ai le goût de vous partager certains constats sur les défis qui attendent la nouvelle cohorte d’élus municipaux le 6 novembre prochain.
En premier lieu, il est impératif que le projet de loi 122 se matérialise afin de consacrer les fondements de l’autonomie municipale, basée sur le principe de subsidiarité (le niveau de gouvernement le plus apte à rendre le service de la manière la plus efficiente). Les nouveaux élus lundi prochain auront le mandat d’appliquer cette nouvelle loi, d’obtenir de réels gains dans la gouvernance de leurs communautés, et de consolider le lien de confiance avec leur communauté.
En deuxième lieu, ces nouveaux pouvoirs seront indispensables pour faire face aux défis de plus en plus croissants et complexes auxquels font face les municipalités. Auparavant, la perception des rôles d’une administration municipale se déclinait autour des services traditionnels (voirie, aqueduc, égouts, collecte des déchets). Aujourd’hui, les grands défis du XXIe siècle, dans une économie et un environnement mondialisés, interpellent directement les administrations municipales. Ces dernières interviennent désormais sur des enjeux aussi variés que la lutte contre les changements climatiques, le développement économique, l’attractivité commerciale, l’immigration, la culture, le développement durable, les transports, et j’en passe. Dans un environnement de plus en plus compétitif, ces défis méritent tout le sérieux d’une administration municipale pour agir concrètement en la matière dans l’intérêt de la majorité.
La démocratie municipale
Enfin, nous devons impérativement nous poser des questions fondamentales sur la vitalité de notre démocratie municipale. Certaines statistiques sont probantes. Dès la fermeture de la période de candidature le 6 octobre dernier, c’était plus de 50 % de tous les postes à pourvoir qui l’étaient sans opposition. De plus, plusieurs postes demeurent vacants. Puis, malgré le fait que les statistiques démontrent que le pourcentage de femmes comme candidates ne cesse d’augmenter graduellement depuis 2005 (de 24,7 % à 31,3 % pour cette élection), ce pourcentage s’avère encore nettement insuffisant. Ensuite, que dire de la participation de nos jeunes (de moins de 45 ans, soyons généreux !) : ils ne représentent qu’un peu plus du quart des candidats à cette élection.
Plus important encore, notons le taux de participation anémique de 47 % aux dernières élections en 2013. Pour la santé de notre démocratie municipale, le moins que l’on puisse dire, c’est que les voyants sont au rouge. La redynamisation de notre démocratie doit être une priorité.
Pour conclure, je vous lance un cri du coeur ; d’aller voter demain pour les femmes et les hommes en qui vous placerez votre confiance pour gouverner avec respect et efficacité les destinées de votre communauté. Votre choix est important, et rappelez-vous que plusieurs des grands défis de notre société prennent racine dans nos villes et villages. Prendre quelques minutes pour choisir celles et ceux qui vous dirigeront pour les quatre prochaines années, c’est votre responsabilité citoyenne.
